jeudi 31 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part three)

Vous ai-je déjà avoué que je haïssais catégoriquement le dimanche ?

Selon les dires de mes proches, je serais une personne atteinte du virus de la désorganisation.
Pour ma défense, j'affirme en ce jour ouvrable que cette cinglante remarque ne se rapporte essentiellement qu'à ma fâcheuse aptitude à me retrouver le Septième Jour perpétuellement dépourvu de salvateurs biens de consommation courants (cigarettes, plats cuisinés emballés dans leur microwavable gamelle en plastique, vodka suédoise, ou encore cartouches d'encre destinées à ma belle et gourmande imprimante que j'ai baptisée, un soir d'égarement, Sidonie).
En effet, selon l'Evangile et Wikipedia, seulement quelques jours après son autoproclamée existence, notre Créateur - dans son infiniment hallucinatoire mansuétude - aurait approximativement proféré les paroles suivantes : "le Dimanche, tu n'iras point te substanter par le biais de ton centre commercial le plus proche, parce qu'aujourd'hui on ferme, et que Moi je file sous ma divine couette rembourrée de plumes d'anges." Puis, avant d'enfiler son pyjama céleste, Il aurait ponctué cet impromptu commandement en marmonnant d'un ton semi-solennel "Telle est ma Volonté jusqu'à la fin des temps", avant de disparaître à tout jamais, noyé dans un tourbillon d'extravagants effets pyrotechniques qui auraient sans nul doute procuré à George Lucas l'incontournable besoin de nous assener un N-ième épisode de Starwars.

Seulement voilà, en dehors de toute considération liée à mon hygiène buccale, je grince hebdomadairement des dents.

D'une part, guidé par quelque fierté (sans doute déplacée, je l'admets) et prudence bien fondée qui m'interdit catégoriquement de dépenser plus d'une certaine somme lors de mes périodes de chasse consommatoire, vous ne me verrez ô grand jamais accroché au guidon du moindre caddie, singeant un quelconque hamster humanisé. Soyez-en fermement assurés : je ne vis et ne consomme qu'au jour le jour ; ainsi soit-il.
D'autre part - et certainement pas pour honorer cet étrange principe obsessionnel du "travailler plus" - il m'arrive fréquemment de finaliser mes commandes professionnelles lors de périodes réprouvées par la morale (oui, même le jour de Noël, madame), simplement parce que mon choix consiste à satisfaire pleinement ma propre clientèle en temps et en heure, sachant que je dénicherai toujours de quelque manière que ce soit le moindre créneau temporel pour laisser reposer mes molécules parfois furieusement agitées.

Aussi je vous le demande : Pourquoi les journées de travail et de repos ne feraient-elles point également partie de nos libertés individuelles ?

"Eh bien on en reparle dimanche prochain", me répondit Michel Drucker.

mardi 29 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part two)

J'abhorre radicalement le dimanche, donc.

Hormis cette terrifiante image de lendemain de cataclysme nucléaire qu'il dégage, où seules quelques créatures mutantes aux membres supérieurs prolongés de poussettes envahissent sournoisement nos espaces verts, il y subsiste - ou plutôt émerge - un son bien particulier, visant probablement à indiquer à qui peut l'entendre la position géographique de quelque survivant désespérément égaré :
le coup de marteau.

J'aurais sans doute dû me méfier lors de la récente acquisition de cet appartement, en constatant la menaçante proximité d'une enseigne de bricolage bien connue (et majoritairement ouverte le dimanche), dont le nom n'est pas sans évoquer un célèbre animal à queue plate qui, à l'opposé de celui qu'il convient de nommer affectueusement l'excité de la mailloche, est pourtant sensiblement en voie de disparition.

Posons-nous donc les questions suivantes : quelle est d'une part l'utilité d'un tel instrument en environnement urbain à part celle de "taper sur les nerfs" de la communauté (vous constaterez d'ailleurs l'absence absolue d'expressions telles que "peindre les nerfs" ou "tapisser les nerfs"), et d'autre part pourquoi celui-ci n'a-t-il d'existence possible qu'à l'arrivée de ce mortellement ennuyeux jour de la semaine où la grande majorité d'entre nous est prise en otage dans son logis ?
Alors qu'il pourrait simplement taper sur son épouse agaçante, comme tout le monde (ce qui émet un son nettement plus sourd et donc supportable), l'Homo Martelus plante frénétiquement, dès l'aube du septième jour, de militaires rangées de pointes dans son habitat, même si celui-ci est déjà pourvu de tous les aménagements nécessaires à lui faire oublier sa morne existence.
Rendons-nous à l'évidence, il ne s'agit aucunement d'un comportement strictement égoïste visant à perturber la quiétude de ses congénères. Que nenni. L'Homo Martelus, par cet acte barbare, immortel héritage des âges sombres, nous fait part, lui aussi, de sa crainte profonde du dimanche, et par conséquent, de son inéluctable peur de la mort.

Comment condamner un tel acte, maladroit, certes, mais si empreint de douleur et de tristesse ?

En achetant une perceuse à percussion.

lundi 28 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part one)

Ce matin, lors de l'ouverture de l'unique fenêtre de mon appartement, révélant un inquiétant paysage brumeux qui m'aurait presque fait culpabiliser d'avoir autant fumé la veille sur le balcon si j'avais soudainement décidé de pratiquer l'humour au premier degré, je n'ai pu m'empêcher d'afficher un large sourire.
L'air était pourtant vif et piquant, mais il y flottait indéniablement une délicieuse ambiance sonore, un grisant mélange de bruits étouffés provenant simultanément de la proche artère routière, des tout aussi proches aéroport et voie de chemin de fer, ainsi que de l'immortel chantier dont l'imposante grue orangée brasse inlassablement d'innombrables blocs de béton, comme pour fièrement rendre hommage à la société Lego qui fête actuellement son cinquantième anniversaire.
Je me rendais à l'évidence : le cauchemar avait pris fin ; le providentiel Lundi nous berçait à nouveau de ses abondantes démonstrations rassurantes qui n'ont d'autre but que celui de nous rappeler raisonnablement que l'espèce humaine n'a pas encore disparu de la surface de la Terre.

Du plus profond de mon être, je déteste le dimanche.

samedi 26 janvier 2008

fumerbouger.fr

En plein coeur de cet omniprésent et houleux débat qui nous agite tous (ou presque) depuis quelques semaines, autour du grave sujet "tabac, libertés individuelles & santé formatée" (comme ici, par exemple), j'ai, à l'instar de beaucoup d'entre vous, établi mon propre bilan de fumeur (de "gros fumeur", même, si j'en crois les propos diffamatoires du propriétaire de l'un de mes anciens logements, que j'ai finalement assigné en justice ; sachez que tout sens de l'humour a ses limites...).

J'en suis arrivé à l'illuminée mais ô combien pragmatique constatation suivante :

Grâce à cet incommensurable besoin d'acquérir régulièrement ces dangereuses doses "nicotinées", je parcours quotidiennement quelques kilomètres à pieds, bravant le moindre crachin breton, qui, après tout, ne perturbe aucunement ma masse capillaire déjà fatalement désordonnée. (Oui, ma chevelure frise furieusement sous l'effet de la pluie, soit, mais cela n'a rien à voir avec le sujet.)

J'ai parfaitement conscience aujourd'hui que JAMAIS je n'aurais déplacé ma masse corporelle avec une telle fréquence et autant de passion véhémente si j'avais été porteur sain du "gène bien-pensant de la mort propre", dans la simple mesure où marcher sans le moindre but me procure autant d'excitation que l'achat de rouleaux de papier hygiénique, que je me dois d'ailleurs de régulièrement dissimuler dans le panier d'une ou d'un complice, n'ayant aucune envie de révéler brusquement à mon hôtesse de caisse favorite qu'à moi aussi il m'arrive d'aller aux toilettes.

Force est de constater, donc, que le tabagisme actif peut ainsi favoriser de saines activités sportives.

Préambule


Voilà qui est fait.

Sous d'insistantes pressions exercées par trois - voire quatre - personnes de mon entourage (y compris celles de mon propre égo), je me suis finalement décidé à franchir cette terrifiante mais ô combien glorifiante épreuve de l'écriture du "journal intime universel et libre de droits".


Je vais enfin pouvoir légalement révéler au Monde ma mégalomanie latente, au travers d'articles dont l'intérêt sera - je l'admets - presque inexistant, mais dont je m'appliquerai tout de même à combler les éventuels vides culturels par d'agréables tournures et pirouettes linguistiques qui contribueront à vous faire oublier - je l'espère vivement - les mornes composantes routinières de notre existence toujours davantage aseptisée.

Cette décision n'est toutefois pas un hasard.
Je rends ainsi hommage à un certain professeur d'histoire-géographie (dont j'ai malheureusement aujourd'hui oublié le nom, le visage, et même le sexe, d'ailleurs) qui m'avait un jour gratifié, me remettant en mains propres l'une de mes prolifiques dissertations, du commentaire suivant :
"Jeune homme, il est évident que vous ne saviez strictement rien quant au sujet du présent devoir, mais vous l'avez si bien exprimé..."

La brusque vision de l'intransigeante notation dudit devoir, écrite maladroitement en lettres rougeoyantes qui m'évoquent indéniablement à ce jour le tristement célèbre slogan "Omar ma tuer", fut toutefois rapidement balayée par cette providentielle révélation qui allait radicalement modifier le sens de ma vie :
Quoi qu'on sache, il faut toujours dire ce qu'on en pense.

Bref, j'ai ouvert mon blog.