dimanche 20 décembre 2009

Tombe la grève

Chers râleurs de tout poil et autres revendicateurs rasants, vous en êtes assurément avertis : notre glorieuse patrie collectionneuse de médailles en tout genre brille principalement par son indétrônable première place mondiale sur le podium de la grève, timide droit social devenu effronté sport national, perçu aujourd'hui comme quelque sournoise intempérie par tout citoyen régulièrement pris en otage au cours de son existence déjà bien nuageuse.
Cependant, si la grève est actuellement définie comme une banale précipitation due à quelque perturbation du climat social, on en dénombre déjà plus d'une vingtaine au cours de ce mois de décembre, et ce, au sein de tels disparates champs d'activité qu'on y déniche même ces derniers jours les revendications des dignes - bien qu'impudiques - représentants des modèles des Beaux-Arts.
Cela étant, si les syndicalistes traditionnellement vindicatifs ont progressivement tendance à négliger le vieil adage "trop de grève tue la grève", ces imaginatifs trublions ont malencontreusement cette fois-ci fait la dangereuse impasse sur une incontournable réalité hivernale bien plus cruelle : "trop de neige tue la grève".
A ce jour, il est en effet impraticable pour tout citoyen normalement informé par l'AFP de définir clairement les véritables causes du blocage des transports en commun, des aéroports, du ravitaillement des DAB ou des grandes surfaces, voire de la pénurie de personnel dans certaines entreprises ou lieux culturels.
Quant aux déboires vécus par lesdits modèles des Beaux-Arts, on ne retiendra probablement que la brutale chute des températures ayant mis à mal leurs attributs plastiques.

Un tel brouillard alimentant les incertitudes du peuple français me rappelle vivement cette fabuleuse citation de François Cavanna : "Si, à la seconde exacte où vous annoncez à un ami que sa femme et ses enfants ont péri dans un accident de chemin de fer, vous lui laissez tomber en même temps un poids de vingt kilogrammes sur le pied, il est incapable de dire où il a le plus mal."

Sachez-le : malgré mon aversion pour tout brin d'herbe (même labellisé BIO), j'apprécie véritablement ces moments précieux où la Nature reprend ses droits syndicaux.

samedi 28 novembre 2009

De l'œuf ou de la poule

Chers consommateurs aguerris ou regrettées victimes d'impitoyables guerres des prix, vous n'êtes pas sans savoir que l'Union Européenne veille religieusement sur vous afin de vous éviter toute pensée saugrenue ou tout faux pas lors de vos incursions consommatoires.

Il n'est pas utile de vous rappeler que, grâce à d'ingénieuses propagandes publicitaires et annotations discrètes, vous avez dorénavant conscience qu'il est dangereux - voire mortel - de consommer certaines substances à la louche, telles que : huile, sucre, sel, alcool, et viande non halal.

Cela étant, vous étiez déjà coutumiers de la récurrente mention "suggestion de présentation" appliquée sur tout aliment conditionné, visant à culpabiliser quelque famille Thénardier vouée à servir un cassoulet à mains nues et crasses à même le sol à sa misérable progéniture, ou à interpeller quelque gourde poitevine radicalement persuadée que l'assiette en porcelaine de Limoges figurant sur l'étiquette était incluse dans l'emballage en fer-blanc.

Etant moi-même de temps à autre sensible à certaines campagnes d'information rébarbatives, il m'est arrivé récemment d'acheter des œufs fièrement pondus dans un proche périmètre, persuadé à force d'intoxication médiatique que de viles exotiques gallinacées sans le moindre scrupule abusaient de moyens excessivement pollueurs afin d'envahir notre saine patrie pour nous infliger le spectacle de leur postérieur et nous en solder le contenu avarié ou radioactif.

Je ne fus donc globalement pas surpris à la vue de cette première étiquette :













Hormis le singulier slogan "l'œuf de tous les plaisirs" (qui me rappelait indéniablement une scène torride du film "L'Empire des Sens"), j'y retrouvai tous les éléments justifiant la sacro-sainte mention "suggestion de présentation" : la ciselure quasi-parfaite du sommet de l'œuf, ainsi que le joli coquetier non fourni, de facture bretonne traditionnelle et non datée, contrairement à son contenu.

L'étiquette apposée sur un achat similaire effectué la semaine suivante se révéla toutefois nettement plus ambiguë :













J'avais bien conscience que l'emballage ne contenait pas de coquet poulailler en kit, mais ce nouveau titre conjugué à la présence de cette volaille me laissaient fort perplexe.
La mention légale sous-entendait néanmoins que le produit figurait bien sur l'étiquette.

Je décidai alors de couver consciencieusement cette insolite boîte à œufs.

Hélas, à ce jour, je ne revendique toujours pas la moindre paternité, mais je vous prie de croire que les senteurs qui émanent de ma cuisine sont dorénavant bien celles d'une basse-cour.

dimanche 15 novembre 2009

Extraction identitaire

Chers voyageurs expatriés, rapatriés ou simplement mal triés, à l'heure où la notion d'identité nationale délie les langues sans pour autant en améliorer la qualité orthographique ou grammaticale, il me semble opportun d'évoquer ici certaines motivations qui ont guidé mes choix géographiques lors de cette dernière décennie.

Oui, Mesdames et Messieurs les Jurés, je l'avoue : j'ai choisi, il y a quelques années, de vivre en ces lieux, captivé par les charmes légendaires de la Bretagne, de même que par ceux - non moins discrets - d'une Alsacienne exilée.
Oui, je me souviens avoir bravé avec un sourire non feint les effluves écœurants des galettes-saucisses lors des trop nombreuses soirées de rencontres footballistiques.
Oui, je reconnais avoir affiché ce même sourire à la lecture des réguliers faits divers mentionnant les promenades automobiles de personnes âgées à contre-sens sur les autoroutes bretonnes.
Oui, j'admets m'être aussi délecté d'espèces piscicoles en voie d'extinction.
Mais sachez, Mesdames et Messieurs les Jurés, que je conserverai définitivement en mémoire cette délicieuse excitation liée aux ambiances festives des petits bars rennais du centre-ville, ceux-là même qui parsemaient ou jouxtaient la rue de la Soif que l'on croyait aussi immortelle que pittoresque, lors de cette belle époque où les fumeurs - constituant alors l'écrasante néanmoins cohérente majorité de leur clientèle - étaient les bienvenus.

Oui, j'ai adoré fusionner avec cette culture identitaire.

Aujourd'hui, la chaîne télévisuelle anémique française numérotée 6 a diffusé son émission phare "Un dîner presque parfait" récemment tournée en environnement rennais, présentant judicieusement des spécialités culinaires polonaises, allemandes, et sénégalaises.

Aujourd'hui, la ville de Rennes rachète les bars de cette fameuse rue de la Soif pour en limiter les opportunités de festivité nocturne.
Ouest-France

Aujourd'hui, à l'heure où l'on envisage de jouer du biniou au sommet des minarets jaillissants et boire aimablement du thé aux heures convenables dans les ruelles autrefois folkloriques, je fais appel aux Déménageurs bretons... avant qu'ils ne changent de couvre-chef, eux aussi.

mercredi 4 novembre 2009

Le corbeau et le renard

Chers demandeurs d'emploi et autres fanatiques d'idées saugrenues, je vous suggère aujourd'hui de saluer le dernier grand vainqueur du Palmarès des Lois Imbéciles nées du désormais célèbre besoin français de victimisation, avidement entretenu par les glorieuses associations de défense de la non-socialisation.

J'ai nommé : le CV anonyme.

Remémorons-nous les faits : depuis 25 ans, en France, grâce à une exclusive et virulente milice associative, il nous est possible d'associer échec et discrimination.
A ce jour, les champs de ladite discrimination sont solidement ancrés, et regroupent principalement : origine ethnique, patronyme, handicap, poids, âge, orientation sexuelle, et religion. Malgré tout, grâce à certains élans de générosité visant de temps à autre à rendre la discrimination accessible à tous, il a été récemment permis aux personnes ne souffrant pas de pathologies liées à ces champs précités d'invoquer la notion de crise pour pardonner légitimement leurs divers insuccès sociaux-professionnels.
Rappelons d'ailleurs que la crise représente encore à ce jour le joker par excellence, applicable à toutes les tranches de la société, et pouvant même parfois disculper l'auteur de tout acte de malveillance, voire de toute agression physique ou atteinte à la personne. Dans ces derniers cas, nous invoquerons lors d'un éventuel jugement l'ultime terme à la mode : l'acte désespéré.
Exemple : "Après l'annonce de la liquidation judiciaire de l'usine dans laquelle il travaillait depuis 5 ans (et demi), André a commis l'acte désespéré de violer la fille de 12 ans (et demi) de son patron."

Soulignons le fait que ces applications ne représentent heureusement qu'une exception française.

Pour en revenir à nos moutons tricolores, le CV anonyme, malgré son inquiétante appellation, n'a strictement rien à voir avec la lettre anonyme, récemment remise au goût du jour depuis le dernier anniversaire de l'éternellement ressuscité petit Grégory.
D'une part, le CV anonyme est rarement accompagné d'une balle de 9 mm, et ne nécessite d'autre part aucune manipulation scientifique pour y effectuer quelque prélèvement d'ADN. En règle générale, son intention ne vise principalement qu'à culpabiliser aimablement toute entreprise n'ayant pas encore dissimulé son chiffre d'affaires, toute crapuleuse exploitation humaine, donc, dont le responsable, communément appelé patron voyou, sera par la suite kidnappé puis lynché en place publique comme il se doit.
Cela étant, le problème s'avère bien plus complexe.
Si l'on en croit les précieuses recommandations de ces défenseurs de l'intégration par le chantage, le CV anonyme ne doit faire apparaître ni la représentation photographique du demandeur, ni son réel patronyme, ni son âge, ni par conséquent les dates de présence dans les entreprises précédemment fréquentées.
Il en découle que le fait de mentionner lesdites entreprises devient également problématique, celles-ci étant en mesure d'effectuer toute odieuse délation quant au comportement et l'identité du demandeur. Enfin, si l'on poursuit cette prodigieuse logique, le simple fait pour le postulant d'appeler l'employeur potentiel en vue d'un entretien est également à proscrire, et, dans ces conditions, se rendre au travail aussi, finalement.

Cependant, fort heureusement pour les farouches cerbères de cette fumisterie nationale, il existe dans ce pays le fabuleux principe du quota, qui a pu supplanter radicalement celui de la compétence.

A ce jour, étant moi-même entrepreneur, j'avoue honteusement ne pas avoir recruté la moindre femme musulmane obèse de plus de 50 ans, susceptible de manier une tablette graphique avec la bouche, et qui me promettra surtout de ne pas porter plainte contre cette dernière pour harcèlement sexuel.

Eh bien soit, mon activité sera donc surtaxée une fois encore, cette année.

dimanche 1 novembre 2009

Rot movie

Chers visiteurs ectoplasmiques, je vous le demande : quelle meilleure période que celle de la fête des morts aurais-je pu choisir pour effectuer une si soudaine résurrection en ces lieux ?
J'entends déjà quelques râles lointains me reprochant d'une part d'entretenir ce blog comme une vulgaire sépulture en fin de concession, et d'autre part de n'effectuer un vif retour virtuel qu'en cas d'augmentation du prix des cigarettes en France.
Eh bien détrompez-vous, médisantes créatures d'outre-tombe : j'ai l'immense joie de vous notifier ma totale guérison quant à ces symptômes d'énervement récurrent, et j'en profite pour remercier vivement les infinis efforts émétiques des scooby-gangs anti-tabac qui m'ont progressivement amené à voyager davantage et appris à parfaire mon organisation afin de dorénavant me ravitailler chez nos sympathiques - puisqu'encore humains - voisins européens.

Cela dit, un problème masqué en dévoilant irrémédiablement un nouveau quand on évolue dans cette sombre vallée des Maures, le salutaire chemin vers les saintes terres s'avère encore tortueux, et la bienfaisante possession du GPS sacré ne suffit pas toujours à contourner les nombreuses embûches qui nous séparent de leurs frontières.
Bref, j'ai promptement dû reporter mes derniers projets d'évasion, étant aussi avisé des dates de surveillance accrue des flux routiers que de celles d'échéance de paiement des impôts.
Ce week-end était donc diaboliquement déclaré zone rouge par le vil Bison plus cornu que fûté.
Fort heureusement pour les courageux voyageurs infidèles et récalcitrants, les fervents représentants de la Sécurité Routière sont beaux joueurs, et leur ont aimablement dévoilé dans la journée d'hier leurs plans bénéfiques visant à épargner leurs vies pendant ce difficile exode routier de fin de semaine.
En effet, les observateurs du comportement sur asphalte ayant effectué le douloureux constat qu'un automobiliste lambda redoublait de prudence à la vue d'un policier en uniforme et par conséquent encourait le risque de conserver les points de son permis de conduire ainsi qu'une somme raisonnable sur son compte bancaire, il fut donc décidé d'affubler les valeureux néo-collecteurs de gabelle en simple quidams afin de - je cite - "mieux faire preuve de pédagogie et de prévention".

Je me demande si la Corée du Nord ne va pas devenir une destination prisée pour les vacances, à force.

mardi 14 avril 2009

Imprimatur

Chères brebis fidèles néanmoins égarées, il me faut vous prêcher qu'il existe à ce jour trois appellations patronymiques qui m'écorchent vivement les tympans et dont l'évocation épidémique met ma patience à rude épreuve lors de mes vaines tentatives de compréhension de l'évolution du Monde.
Les nominés sont : Allah, Dieu, et Audureau.

Il s'avère que, au grand dam de l'espèce humaine réfugiée dans cette extrémité hexagonale de notre chère Europe avantageusement disloquée, non seulement ce dernier existe réellement, mais aussi que, contrairement à ses challengers sus-nommés, il n'est nul besoin de le rencontrer pour être confronté à la preuve de sa perfide existence.

En effet, Monsieur Audureau - que seule une bonne éducation me contraint de nommer à ce niveau de civilité - anime gaillardement depuis quelques années une parodie de chasse aux sorcières à l'encontre des nouveaux méchants qui ne faisaient pas encore partie de la nomenclature chantée par Michel Fugain et son Big Bazar en 1975.
Je fais évidemment ici allusion à ces éternels fumeurs sataniques et leur odieuse existence luxurieuse.
Fièrement dissimulé derrière sa glauque bannière du DNF, agrippant le fauchard émoussé de la loi Evin d'une main, et agitant frénétiquement de l'autre une crécelle ridiculement estampillée du Ministère de la Santé, ce sinistre individu auto-proclamé héros de la dernière croisade javellise convulsivement les rares plaines du libre arbitre encore percevables sur ce territoire.
Force est de constater amèrement que cette pâle copie d'Attila ne pourra quitter ce monde en paix qu'après avoir entièrement stérilisé de ses sécrétions vomitives ces libertés individuelles qu'il exècre tant, depuis quelque traumatisme adolescent, sans doute, qui aurait vraisemblablement laissé coi Bettelheim lui-même.

Aussi, au sein d'un tel climat d'infantilisme procédurier, de délation fielleuse et de dictature embryonnaire, méticuleusement entretenu par une horde de zouaves à l'intelligence médiévale, nombreuses sont les dérives qui hélas en découlent insidieusement.

Celle qui suit est particulièrement alarmante : Exposition Jacques Tati.

jeudi 29 janvier 2009

Lucky Strike

Chers camarades de luttes répressibles et compagnons de jeux répréhensibles, vous n'êtes pas sans constater que ce jeudi est indiscutablement un grand jour.

Alors qu'à l'accoutumée nous nous devons de subir les pires outrages existentiels et sombrons inexorablement dans l'engluement et l'immuabilité face à l'Injustice, une incontestable lueur d'espoir vient de splendidement éblouir nos rétines trop habituées à une persistance physiologiquement néfaste.
En parfaite alliance avec cette vision bénéfique, une voix providentielle a réussi à délicieusement chatouiller notre ouïe devenue trop fragile, et ainsi réveiller nos consciences honteusement assoupies.

Aujourd'hui, en effet, au sein du journal télévisé de France 2, Elise Lucet - dont les modulations vocales engendrent une géhenne auditive sans égal - a cédé sa place à la charmante journaliste joker de la chaîne, Sophie Le Saint, qui a su prouver à nos tympans meurtris qu'il était possible de dissocier informations assourdissantes et insupportables performances acoustiques.

Et, tout à coup, le monde est plus beau.

jeudi 15 janvier 2009

Equations du premier degré

Mon enfant, ma sœur, chers rescapés du grand froid, c'est en compagnie de cette soudaine douceur hivernale que j'ai décidé de briser la glace pour une nouvelle invitation au voyage et de revenir avec ce piètre jeu de mots, probablement dû à 80 jours d'hibernation intellectuelle.
Vous conviendrez cependant que 80 jours ne représentent guère une si longue période à l'heure actuelle : ne s'agit-il pas après tout de la durée nécessaire pour effectuer un aller-retour Paris-Marseille en TGV, voire du temps indispensable à la compréhension du texte de la réforme de l'audiovisuel français ?
Cela dit, à l'instar de mes congénères de type Hibernatus dorénavant recensés afin que l'on soit enfin en mesure de définir leurs réels besoins (généralement proches des miens en matière de psychotropes), j'avais tout simplement les doigts gourds.
Il est aujourd'hui indéniablement démontré que les vagues de froid françaises annihilent toute activité, toute inspiration, ainsi que tout arôme des bières belges qui se dégustent normalement à 10 degrés Celsius, comme chacun le sait.
Toutefois, de longues années d'étude approfondie de la saga "Little house on the prairie" m'ayant appris au fil du temps à développer un semblant d'intérêt pour mon prochain, je me suis finalement décidé à braver la cacophonie des journaux télévisés afin d'entrevoir les incontournables souffrances également infligées à mes semblables lors de ce terrible acharnement climatique, vraisemblablement dû à un tri négligé de nos déchets au cours de l'année précédente.
J'ai alors été littéralement abasourdi par l'étendue de l'horreur de certaines informations divulguées d'une voix de fausset teintée de honte et de douleur par l'un de nos ubuesques camelots journalistiques :
En effet, contrairement à certains pays européens civilisés ayant adopté de judicieuses dispositions en cas de chute brutale des températures, la France ne dispose toujours pas de pelouses de stades chauffées, et de nombreuses rencontres sportives ont dû ainsi être reportées.

Je me demande s'il est finalement possible dans ce pays, et ce, quoi qu'il advienne, de ne plus entendre parler de ballon pendant 80 jours.