mercredi 27 février 2008

Récréation apéritive

En guise de divertissement, et en concordance avec certains brûlants sujets de l'actualité française, je vous propose aujourd'hui de vous adonner à ce petit QCM confectionné par votre serviteur, qui définira - en théorie - votre degré de répartie face à toute situation impromptue.

(Vous pouvez simplement comptabiliser le nombre de A, B et C)


1/ Un(e) inconnu(e) vous offre des fleurs.
A - Vous lui demandez s'il/elle fournit également le vase approprié.
B - Vous tombez sous le charme ; c'est si merveilleux, le romantisme...
C - Vous lui dites que vous êtes allergique au pollen.

2/ Une paire de témoins de Jéhovah frappe à votre porte.
A - Vous les invitez à entrer pour leur exposer votre vie dissolue.
B - Vous leur répondez que vous avez du linge à étendre.
C - Vous leur déclamez que vous bénéficiez de la protection des témoins, et leur claquez la porte au nez.

3/ Votre ex-ami(e) vous appelle dans la soirée pour vous proposer un moment de tendresse partagée.
A - Vous déclinez son offre et lui faites fièrement part de votre mariage prochain à Beverly Hills.
B - Vous lui répondez "Quand tu veux" ; après tout, votre existence est relativement morne en ce moment.
C - Vous lui demandez où il/elle se trouvait pendant votre dernière tentative de suicide.

4/ Complétez ce proverbe : "Pierre qui roule..."
A - "devrait davantage se méfier des radars automatiques."
B - "n'amasse pas mousse."
C - "qu'à la fin elle se casse."

5/ Selon vous, mieux vaut :
A - Avoir un gros rhume et regarder ARTE.
B - Etre en bonne santé et regarder TF1.
C - Ecouter Fun Radio sous l'emprise de Lexomil.

6/ D'après vous, "La roue du char dérape sous la pluie fine", c'est :
A - Forcément une somptueuse contrepètrie.
B - Les paroles d'une chanson de Linda Lemay.
C - Je m'en fiche royalement. C'était la dernière question ?

7/ Vous vous égarez dans l'immense aéroport d'un pays étranger.
A - Vous allez tranquillement prendre un verre et savourer cette sensation d'être perdu(e) à quelques milliers de kilomètres de chez vous.
B - Vous recherchez désespérément une hôtesse parlant français.
C - Vous décidez de porter plainte contre votre agence de voyage et votre opticien.

8/ Quatre de vos amis viennent dîner chez vous à l'improviste.
A - Vous leur servez des pizzas dans des assiettes en carton et faites durer l'apéritif.
B - Vous vous mettez en quatre - justement - pour leur mitonner un repas original.
C - Ca ne risque pas d'arriver ; vous n'avez jamais eu quatre amis simultanément.

9/ Complétez cette maxime : "Quand on jette un chat en l'air dans un restaurant italien, ..."
A - "il retombe forcément sur les pâtes."
B - "il se fait mal, le pauvre chéri."
C - "il s'empale sur une fourchette."

10/ Votre partenaire amoureux souhaite vous enduire le corps de miel.
A - Vous lui demandez s'il/elle a décidé de vous enterrer à proximité d'une fourmilière mexicaine.
B - Vous vous rappelez que vous n'avez pas encore fait les courses.
C - Vous téléphonez à un psychologue ou à votre mère.

jeudi 21 février 2008

Ich kiffe dich

Si une certaine curiosité malsaine, un lien malveillant ou quelque promenade hasardeuse vous ont déjà conduits sur le site internet de Skyrock, dorénavant tristement célèbre pour son ramassis de blogs acnéiques et imbéciles où fourmillent les futurs brillants acteurs de notre société, vous aurez inévitablement constaté d'une part que le français brigue un statut de langue morte, et d'autre part probablement supplié que l'on vous fournisse un tube d'Efferalgan - ou une arme à feu, peut-être - dans les cinq minutes qui ont suivi le laborieux décryptage des deux premières lignes du moindre article au contenu indéniablement substantiel.

Je ne m'étendrai toutefois pas sur l'affligeant sujet que représente le phénomène du langage SMS chez les jeunes, déjà maintes fois abordé, pour me concentrer plutôt sur les dernières motivations linguistiques de ces chers écrivains en herbe hallucinatoire (cf traduction du verbe allemand kiffen).
Tout espoir au milieu de ce désert culturel poussant justement - selon les media - comme toute mauvaise herbe, il a récemment été révélé que grâce à leur fanatisme accru à l'égard de groupes musicaux teutons à la mode tels que Tokio Hotel ou encore Killerpilze, nos apprentis tortionnaires étymologiques se prennent dorénavant de passion pour la langue de Goethe - reconnue effectivement pour sa consonance harmonieuse et sa structure d'une souplesse inégalable - qu'ils vont cependant cette fois-ci manipuler avec la plus grande précaution.
La raison en est fort simple : le destin pouvant conduire les jeunes leaders germaniques troubadours (prononcer troupatour) à tomber amoureux de Priscilla ou Audrey lors de leur prochain concert en France, il vaut mieux pour ces dernières être parfaitement préparées à tout préliminaire verbal lors de leur instante Liebesgeschichte.

Le remède contre l'analphabétisme exponentiel de nos adolescents égarés résiderait-il donc tout simplement au sein de leurs furieuses et subites obsessions hormonales ?
Le karaoké serait-il la solution ultime à cette déchéance linguistique ?

Prenons l'exemple suivant, "rédigé" (pour rester poli) par une jeune bretonne d'origine marseillaise, bientôt en âge de voter et malheureusement de procréer :
cmec tro tigen é pui super mignon hein lé meuf laché i dé com biz a toi the bo goss AKM
(source : laptitepupuce05)

Dans cette déclaration enflammée à un reproducteur potentiel, on y décèle ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui une prodigieuse anomalie : la demoiselle a correctement orthographié sans discontinuer les mots "super" et "mignon", au risque de se faire huer par ses non moins excités congénères. En suivant donc le raisonnement précité, nous pouvons en déduire que ces deux vocables font partie des paroles d'une chanson francophone (de banlieue, sans doute) "déjà dans les bacs".

Volons donc au secours de Diam's, Vitaa, Amel Bent et consorts pour sortir cette jeunesse de l'illettrisme dans lequel elle s'englue, et saluons aujourd'hui les profitables efforts pédagogiques de nos chers voisins allemands.

Wir Sind Helden - Nur Ein Wort

lundi 18 février 2008

Fiat Lux !

S'il est un aspect particulièrement sombre de mon existence que je vous ai honteusement dissimulé jusqu'à ce jour, c'est qu'en dehors de vastes portiques, j'ai longuement vécu dans la pénombre, et de manière encore plus tragique et souterraine durant ces derniers mois.
Et il ne s'agit aucunement d'une métaphore, soyez-en certains.

Alors que bon nombre de mes congénères me perçoivent généralement comme une créature damnée, mi-ange mi-démon, voué à une punitive existence nocturne, je me devais aujourd'hui de vous révéler cette éblouissante vérité : s'il m'arrive de vénérer le dieu soleil, sachez que ce dernier me reflète au centuple ces brèves passions enflammées à son encontre.
Bref, cet échange est parfois très douloureux.
Depuis ma plus tendre enfance, mes prudents géniteurs recouvraient déjà frénétiquement mon crâne exagérément chevelu de linges humides et bariolés - années 70 obligent - lors de chacune de mes expositions à quelque dangereux rayonnement au fort potentiel ultraviolet. Ces pittoresques artifices m'ont d'ailleurs au fil du temps amené à réaliser que le ridicule ne tue pas, que ce qui ne tue pas nous rend plus fort, et que par conséquent le ridicule nous rend plus fort.
Si cet éclairé syllogisme m'a souvent rassuré, il s'avère que j'ai tout de même dû depuis - et à maintes reprises - braver à visage découvert cet odieux astre solaire afin d'affirmer une vague appartenance à cette société, et aussi parce qu'il n'est pas toujours du meilleur goût d'effectuer un retrait bancaire la tête emmitouflée d'une cagoule.
Toutefois, il me fallait définitivement franchir ce pas vers la lumière, sans pour cela me faire nécessairement emporter par un quelconque cancer.

Il y a une poignée de semaines, j'ai donc refait surface, en décidant de louer un coquet appartement pourvu d'une terrasse haut perchée, qui me rapproche de manière allégorique de la sainte grue du chantier d'à côté à laquelle je faisais allusion quelques articles plus bas.
Eh bien croyez-le ou non : toute envie d'occupation de cet espace lumineux est à ce jour invariablement absente, et j'avoue n'y mettre les pieds et les mégots qu'à la nuit tombée, me tenant rigidement à une trentaine de centimètres de la balustrade telle une gargouille de seconde ligne, parce qu'en plus je souffre de vertige.

C'est pourquoi je souhaite aujourd'hui mettre à contribution votre imagination fertile afin de recueillir diverses idées lumineuses - qu'elles soient jardinières, ludiques ou autres - qui me permettront de rentabiliser efficacement cet espace à l'allure pour l'instant bien triste.

Mais si l'un d'entre vous a le malheur de me suggérer l'installation d'une bâche, je l'étouffe avec celle de la terrasse du plus proche débit de boissons.


Flunk - On My Balcony

mercredi 13 février 2008

01.01 : the day after

Il y a tout juste une semaine, dans un élan de frénésie contenue, je me suis pourvu d'une dizaine d'euros, d'une paire de tickets de métro et d'une bonne ration de courage afin d'aller fouler de nouveau - d'un pas toutefois hésitant - le pavé glissant des pittoresques ruelles du quartier Sainte-Anne de Rennes, principalement réputé et apprécié pour ses conviviaux rassemblements de collectionneurs de Gamma-glutamyl Transpeptida.
Il m'aura en effet fallu un peu plus d'un mois pour oser faire face à cet inéluctable constat et ce terrible spectacle de désolation : sachez-le, depuis l'ouverture de la chasse aux fumeurs dans les débits de boissons, la "Rue de la Soif" s'est métamorphosée en "Rue de la Satiété".
Un délai d'une semaine après cette douloureuse expérience me fut également nécessaire pour vous épargner aujourd'hui l'étendue sémantique de mon vocabulaire grossier, habituellement réservé aux supporters de football et autres adeptes du klaxon.
L'adorable petit bar répondant au doux nom de "Bernique Hurlante" - où j'avais décidé, depuis ma récente arrivée dans cette métropole, de placer mes maigres économies grâce aux conseils avisés d'une charmante Alsacienne expatriée - n'avait pas échappé à ce châtiment politiquement absurde, et je n'ai pu y constater que la tragique disparition du fameux jeu des tabourets musicaux, dont j'étais auparavant fort friand et vis-à-vis duquel j'avais appris à faire preuve d'une certaine habileté au cours de ces derniers mois.

Aussi, n'ayant aucune envie de nous faire emballer, ma cigarette et moi, dans la moindre bâche plastique défigurant certaines - autrefois coquettes - places rennaises, j'ai rapidement rejoint mon modeste espace de libertés viciées, dignité sous le bras, fidèle compagne sur l'oreille, et le reste à l'endroit prévu à cet effet.
Quelle salvatrice alternative me restait-il alors, me demandai-je, afin de combler cette soudaine disparition d'environnement social ?

Internet et ses chatrooms, bien sûr.

C'est pourquoi dorénavant, au lieu de m'alcooliser agréablement en compagnie d'anonymes avant extinction des foies, j'agite furieusement ma verve jusqu'au petit matin (avec plaisir, tout de même), doutant fortement que cela soit meilleur pour la santé.

Il paraît en effet que cette silencieuse habitude solitaire rend sourd, à force.


Clem Snide - 1989

vendredi 8 février 2008

LOVE (ter)

A l'heure où les espaces d'expression sont légions sur les flancs des avenues virtuelles - berceaux de méditations diverses dont la croissance exponentielle n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle des radars automatiques qui épient infatigablement nos étendues d'asphalte - il devient de plus en plus complexe de dénicher d'agréables aires de ressourcement dignes de ce nom.

Toutefois, il arrive qu'au détour d'un lacet - après n'avoir parcouru dans le meilleur des cas qu'une centaine de clics - la providence nous révèle une discrète enseigne lumineuse annonçant l'emplacement et les vertus prometteuses d'une fontaine spirituelle que les habituels distributeurs de boissons tièdes n'ont pas encore souillée de leurs navrants liquides gazeux.

Constance Prunier a récemment ouvert sa propre échoppe, et, entre deux parfumées pintes d'élixirs, elle y parle d'amour.
Pas de l'amour d'une quelconque progéniture braillarde ni d'une éventuelle passion arctophile hypoallergénique, non ; mademoiselle Prunier nous conte l'Amour en lettrines et majuscules.
Se définissant elle-même comme "chercheuse en relation amoureuse", elle agence avec goût sa page virtuelle aux reflets rosés, en y couchant - à l'encre assortie - le bilan de ses scrupuleuses recherches, décryptant l'alchimie amoureuse sous toutes ses formes, ses sons et ses couleurs.

Une odyssée au pays des passions et des sentiments torturés que je vous invite vivement à découvrir ici.

mercredi 6 février 2008

Happy hours

Une fois n'étant pas coutume (et le niveau de ma réserve de cigarettes étant dangereusement inquiétant), j'ai décidé hier soir de me coucher tôt. Aussi, afin de tromper la sournoise vigilance de mon organisme, j'ai soigneusement allongé mon corps perpendiculairement à l'écran de mon téléviseur allumé, dans l'espoir d'annihiler toute envie créative.
C'est alors qu'au bout d'une vingtaine de frénétiques pressions sur ma fidèle télécommande, dans le prime espoir de dénicher un quelconque programme plus anesthésique qu'un autre, j'ai soudainement imposé une raideur absolue à mon index, afin de suivre pendant quelques minutes le déroulement de l'émission "Ce soir (ou jamais !)" présentée par Frédéric Taddeï, qui, de son côté, aurait plutôt des vertus psychotoniques sur tout organisme normalement constitué.
Figurait parmi d'illustres invités le journaliste (engagé, s'il vous plaît) François d'O., qui a fièrement prouvé cette nuit-là à l'assemblée philosophiquement rebelle qu'il possédait lui-même un férocement mordant sens de l'humour.
En effet, afin de rebondir sur les propos de l'un de ses prolixes voisins, qui venait de ponctuer sa plaidoirie par un discret et résigné "De toute façon, depuis qu'on ne peut plus fumer dans les bars...", notre cher François, tout sourire, déroula avec grâce un prodigieux "Cela a tout de même permis de réinstaurer le principe de convivialité des terrasses."

Croyez-moi, à une époque où nous souffrons cruellement de l'absence d'humoristes français (engagés ou dégagés, comme le clamait si joliment un certain Pierre D.), il convient de dignement souligner ces trop rares traits d'humour.

Grâce à Dieu (ou tout autre produit générique), François n'est cependant pas l'unique individu à apporter sa pierre à l'édifice de notre société nouvelle au capital sans cesse croissant.
Il y a quelques jours, un certain Philippe L., journaliste (engagé, merci) spécialisé dans le tartinage allégé du Parisien, nous avait déjà honorés de sa rosâtre et idéaliste vision du nouveau monde (qui n'a rien à voir avec la nouvelle mouture du quotidien du même nom).
Je vous laisse d'ailleurs découvrir son joli poème de fête des mères ici.

Je vous en prie, amis fumeurs rongés par la déception et terrassés par des craintes sans doute justifiées, ne devenez pas médisants : abus d'anxiolytiques et démagogie n'ont strictement rien à voir avec le contenu de tous ces propos hallucinogènes.

Rendons-nous à l'évidence : l'humour nouveau, audacieusement situé au premier degré et demi, est arrivé.

Pour notre santé intellectuelle, sachons toutefois le consommer avec modération.

lundi 4 février 2008

Interlude

Très chers lecteurs,

A mon grand regret, il me fut impossible de vous faire découvrir aujourd'hui, comme prévu, cet aperçu de la vie des bars rennais de "l'après 01/01/08".
A ma décharge, je n'ai pu en effet rendre à temps ma copie suite à de déplaisants aléas climatiques (qui, je tiens à le souligner, sont tout de même relativement rares dans cette jolie région ; d'ailleurs, s'il le faut, je pourrai également fournir un mot d'excuses de Météo France).

Aussi, afin de vous épargner le pénible spectacle d'une banale mire de barres dépourvue de toute âme artistique, j'ai décidé de combler judicieusement ce vide culturel par l'ouverture d'un espace d'expression libre.
De plus, dans l'espoir d'assouvir cette soudaine hystérie culinaire qui vous anime tous et toutes depuis quelques heures, il y sera principalement question de coquilles Saint-Jacques cuisinées à toutes les sauces.
Ce pélerinage temporaire sera animé par notre amie Fleur, également (re)connue sous le pseudonyme de Mafalda.

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite un bon appétit. (and don't forget the tip, please...)

vendredi 1 février 2008

Hémisphères

Il est aujourd'hui grand temps de résoudre cette essentielle interrogation :
Doit-on, oui ou non, soutenir une discussion avec son coiffeur pendant qu'il vous taquine le poil capillaire ?

Eh bien je le clame haut et fort : ne vous engagez jamais dans une telle épopée, imprudents Samson amateurs que vous êtes.
Si sympathique soit-il, il convient d'ignorer avec bienséance cet artiste sculpteur de cellules mortes, et préférer se concentrer silencieusement sur le reflet de ses propres rides naissantes.

En effet, chez ce fier individu à la plastique souvent irréprochable et au maintien généralement arrogant, il est à présent prouvé que la partie du cerveau sollicitée pour tout acte de réflexion est strictement située au même endroit que celle qui lui dicte ses gestes habiles emprunts d'une précision artistiquement martiale.

Bref, j'aurais mieux fait de me taire.