dimanche 16 mars 2008

Papy birthday

Hasard du calendrier de la Grande Faucheuse, la disparution du dernier "poilu" français rescapé de la grande guerre de quatorze eut lieu la veille de mon dernier anniversaire, événement m'ayant cruellement rappelé que, de mon côté, j'entamais dorénavant celle de trente-neuf.
En guise de commémoration globale, j'emploierai donc la conjugaison du passé simple, afin d'illustrer celui qui le fut nettement moins.
A la découverte d'une telle annonce nécrologique, je ne pus en effet m'empêcher de me remémorer avec émotion ces fabuleux moments occupés à patauger péniblement dans la boue des tranchées, il y a quelques années, lorsqu'un certain Jean-Pierre Jeunet admit que le casque Adrian et la moustache en guidon me seyaient suffisamment élégamment pour mériter d'être fixés sur son œuvre cinématographique, axée - à l'instar de mes premiers billets d'humeur - sur l'épique traversée des mornes plaines dominicales.
Brassant avec une certaine délectation les souvenirs de cette glorieuse épopée digne des publicités "lessivières" les plus fangeuses, je me souvins nettement de cet intrigant personnage, arborant fièrement l'insigne d'assistant du réalisateur, qui nous pointait du porte-voix afin de déterminer de manière solennelle qui d'entre nous allait vivre ou mourir pendant la traversée du no-man's land brumeux truffé de charges pyrotechniques.

Sachez-le aujourd'hui, chers valeureux compagnons d'aventures virtuelles : votre serviteur a enjambé de nombreux corps inertes et ensanglantés pendant des centaines de mètres, esquivant habilement les rafales de mitrailleuses et d'impromptues chutes d'obus, bravant d'épais rideaux de fumée tout en louvoyant insolemment sur un terrain particulièrement meurtri.
Le doigt divin de l'assistant précité m'avait en effet épargné dans le déroulement de cette course folle, et je survécus brillamment - sans la moindre égratignure - à l'issue de cette terrible épreuve, mettant triomphalement en scène ma sortie définitive du cadre de l'écran panoramique.

Au cours de la soirée de vendredi, je me suis méchamment abîmé l'annulaire droit pendant une innocente partie de ping-pong dans le garage calfeutré d'un couple d'amis aux intentions tout à fait honorables.
Je vous avoue que la logique de la destinée m'échappe, parfois...


UncommonMenFromMars - Dark Sunday

5 commentaires:

  1. "Nous gagnerons parce que nous sommes les plus forts." (Le Marèchal Foch, je pense)

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  2. Hum, si l'habit ne fait pas le moine (vous auriez fui, alors, une participation au Nom de la rose?), fait-il en revanche le soldat? A vous voir, on le dirait presque! Cela vous pose un homme, l'habit de poilu (qui dit poil au...? Au coin, tout de suite!), mais le cinéma étant ce qu'il est, je ne suis pas surprise qu'on vous ait épargné pour conserver votre bouille sur la pellicule... Par contre, qu'une innocente partie de ping-pong finisse curieusement par un froissement d'annulaire (il est raide et relevé, du coup, ce pauvre petit doigt? oups, pas d'idées mal placées, surtout) devrait nous mettre la... puce à l'oreille: innocente, vraiment, cette partie? Monsieur le pongiste malhabile, votre accident de partie donne une bien mauvaise image de vos exploits sportifs! Qu'en eût-il été de vos exploits sur le chemin des Dames? Meilleurs, je le souhaite!
    Serait-ce un indice sur le fait que vous avez peut-être manqué votre vocation? ...

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  3. A propos de Jeunet (le réalisateur, sinon, pour le qualificatif, on peut encore vous l'attribuer aussi sans ridicule, vous n'avez pas passé la barre fatidique...), j'ai lu dans Télérama (eh oui, même sans télé, on peut prendre de temps en temps ce magazine pour les articles sur les sorties ciné, livres, théâtre...) qu'il avait participé à la production de la sortie en DVD d'une émission des années 1980 que j'aimais bcp (je faisais magnétoscoper les émissions par ma famille), "Cinéma, Cinémas"(d'Anne Andreu, Michel Boujut, Claude Ventura, fin de la diffusion en 1991, je crois). Le réalisateur Claude Ventura en a réalisé un best of de douze numéros (avec peut-être une présentation au Festival de Cannes?): un mythe, tiendra-t-il le coup de la sortie plus de trois lustres plus tard?
    J'adorais le générique et les thèmes intermédiaires (Godart dans "Alphaville" ouvrant une à une des portes d'un couloir, et chaque porte ouverte laissant entrevoir un scène mythique du cinéma américain ou français, jusqu'à tomber sur la porte ouvrant sur le sujet traité par l'équipe de l'émission), vous vous en souvenez? (Ah, c'était le bon temps... même si ça date pas des Poilus!)

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  4. A votre mémoire d'ancien combattant ayant reçu une balle (de ping-pong) perdue, et aussi, tant qu'à faire, à Lazare Ponticelli (encore plus poilu que vous), j'observe de ce pas une minute de silence.

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  5. Je ne vous ai pas vu lors de la cérémonie orchestrée par notre président (certes, je n’ai pas regardé les infos depuis quelques jours pour cause médicale – la vision/écoute d’informations relatives à la France m’est déconseillée -, mais mes sbires supposés faire de la « veille presse » ne vous ont pas vu non plus). Où étiez vous donc ce fameux lundi ?

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