dimanche 22 mai 2011

Come as you lie

Chers amis coulrophobes à tendance lipophage, il est fort à parier que vous verrez prochainement l'un de vos plus chers vœux exaucé : la disparition radicale de l'abject saltimbanque Ronald McDonald.
Nous pourrions instinctivement nous sentir redevables de cette impromptue décision auprès de l'une de nos aussi attachantes que nauséabondes associations françaises en mal de procès à but lucratif, mais sachez bien que, exceptionnellement, ce ne serait que fourvoiement.
En réalité, il nous faut pour une fois traverser l'Atlantique pour saluer la décision de leurs homologues américaines, celles-là même qui constituent l'armée de Don Quichotte rationnellement décidée à éradiquer cet évident responsable de l'obésité infantile. Sans doute à juste titre, finalement : souvenons-nous des dégâts fromagers précédemment occasionnés par Kiri le clown, ainsi que de nos propres nuits cauchemardesques hantées par le démoniaque Bozo et son terrifiant "rire à pleines dents".
Fort heureusement pour le sain développement local de la restauration rapide, les orgueilleuses équipes françaises de marketing alimentaire ont eu a contrario la décence et le bon goût de communiquer sur la base de toutes autres valeurs, à connotations nettement plus nobles, en revêtant le plus bel habit qui soit en matière de fibre fièrement nationale, à savoir le tissu de mensonges.
Nul besoin pour cela de s'attarder sur les récentes campagnes publicitaires McDonald's diffusées dans l'hexagone afin d'y apprécier pleinement l'étendue et le capital sympathie de ce qui fut jadis proscrit par quelque commandement divin et le marionnettiste Geppetto. En effet, autour de tout produit arborant l'estampille des Golden Arches, on peut dorénavant - et en toute impunité - mentir sur son âge, sa sexualité, son activité professionnelle, sa situation financière... j'en passe et des plus salées, grasses, et sucrées.
Ainsi, nos chères têtes blondes comprendront qu'il est aujourd'hui essentiel pour la santé de servir des salades pour accompagner tout ce qui devient difficile à avaler.

Du moins en France.

mardi 10 mai 2011

Quand la bergère s'entête

Chers amateurs de faits divers à sensation ou d'imagerie pieuse sanguinolente, permettez-moi de vous offrir en ce jour de Sainte Solange quelques lignes de divertissement historique, sous la forme d'une inestimable perle cultuelle issue des trésors du catholicisme français.

Au IX° siècle, bien avant la naissance de la plus célèbre rosière de l'Histoire de France, vivait dans le Berry une jeune et jolie bergère, que seule la grâce avait l'autorisation de toucher pendant ses innocentes gambades à travers les prairies.
Cette chaste bergère répondait au céleste et doux nom de Solange à l'heure de la soupe. Quand elle ne répondait pas, cela signifiait simplement qu'elle était occupée à s'entretenir avec son maître divin, qu'il était évidemment interdit d'interrompre sous peine de châtiment climatique.
Leurs discussions pouvaient d'ailleurs s'éterniser jusqu'à la tombée de la nuit : dans son infinie sagesse, son interlocuteur tout-puissant avait muni la jouvencelle d'un astre lumineux flottant au-dessus de la tête, ce qui n'impressionna finalement jamais son père, davantage préoccupé par la santé de ses moutons que par cette providentielle source d'éclairage.
De plus, dotée de pouvoirs suprêmes et non découragée par les heures supplémentaires, la belle Solange occupait son temps libre à guérir ça et là tout individu souffrant de terribles infirmités, ce qui mit probablement en péril la profession médicale berruyère toute entière. Enfin, avant de rejoindre sa couche, notre intrépide Buffy des pâturages s'octroyait régulièrement quelque chasse aux démons à grand renfort de houlettes sacrées.
Il n'y avait, somme toute, pas de quoi enfoncer un pieux, à l'époque.

Cela étant, c'est au cours d'une agréable journée de mai 878 que Bernard de Gothie, fils du comte de Poitiers, ayant décidé d'agiter son glaive sous la carotide de quelque gibier des terres de Villemont, croisa le chemin de notre majestueuse bergère étoilée. Subjugué par la beauté lumineuse de la jeunette et brusquement incommodé par une irrépressible érection, Bernard s'empressa de demander la divine demoiselle en mariage.
Celle-ci refusa toutefois obstinément ses avances, ayant fait le vœu - fort louable - de n'être exclusivement tripotée que par la main de Dieu. Cette entêtée résistance n'eut d'autre effet que d'attiser le courroux du prompt Bernard, qui se mit en tête de trancher celle de la jeune effrontée sur-le-champ, afin de la punir définitivement de cette offense. Puis il s'en alla noyer cette infinie vexation dans la taverne et le conduit utérin les plus proches.

Si cette cruelle fable nous démontre l'évidente imposture de Jeannette de Domrémy quelques siècles plus tard, elle nous rappelle également la profusion des actes délictueux à l'encontre des femmes du premier millénaire ainsi que l'ordinaire utilisation intempestive des armes blanches en ces temps incertains.
Fort heureusement, dans nos prolifiques contrées verdoyantes, de telles pratiques barbares ont disparu depuis bien longtemps, ce qui nous permet aujourd'hui d'apprécier la maturation de la civilisation à sa juste valeur.

Ou pas.