lundi 25 août 2008

GI vs JO

Pour honorer sans doute quelque nouveau phénomène de mode destiné à séduire les masses analphabètes briseuses d'héritages orthographiques, la chaîne télévisuelle France 2 revisite dorénavant quasi-quotidiennement les règles linguistiques et phonétiques francophones.
En guise de procureur adjoint protégeant vainement les chimères du bon sens, je plaiderai dans un premier temps la préméditation de vengeance justifiée, dans la mesure où - tout particulièrement pendant ces dernières semaines - la majeure partie des poupées Barbie du PAF déguisées en journalistes n'avaient absolument pas prévu de faire passer les GI avant les JO au cours de leur karaoké quotidien.
Il s'avérait donc bien normal de fustiger entre autres cette Géorgie qui avait l'indécence de montrer le bout de son orthodoxie quelques minutes avant l'étalage fureteur de balbutiements, pleurs et autres émois sexuels de nos glorieux mannequins en survêtement, et de la rebaptiser crûment "Jorgie", afin d'économiser judicieusement quelques syllabes et rendre ainsi à temps l'antenne aux tout aussi brillants commentateurs sportifs monosyllabiques. Au moins, grâce à cette nouvelle appellation, le spectateur avide de démonstrations musculaires stériles ne retenait que le phonème "jo" et pouvait bien encore patienter cinq minutes, bercé par ce doux subterfuge préliminaire, sans pour autant développer un éventuel embryon de réflexion sur quelque impromptu problème "jo-politique".
Comble de malchance pour les dégoulinantes plages horaires dédiées aux méticuleux observateurs de T-shirts mouillés olympiques, il a également fallu relater d'inopinées pertes humaines militaires françaises, alors qu'il est pourtant bien connu de tous que le risque de mortalité chez les soldats basés sur des terrains de camping terroristes est tout aussi improbable que l'éventualité d'une chirurgie mammaire ratée au sein de la salle de torture de l'avenant boucher marseillais Michel Maure.
A ce sujet, France 2 n'a d'ailleurs point épargné le domaine médical, puisque la chaîne se complaît encore aujourd'hui à présenter les épisodes de la série Urgences en postillonnant doucereusement la baseline suivante : "Urgences, une certaine philosophie de la vie".
Et pourquoi pas une "certaine poissonnerie du poisson", tant que nous y sommes ?

L'athlétique coup de grâce a été asséné au cours du dernier journal de 13 heures, durant lequel on a pu entendre cette traduction à l'infinie étendue sémantique apposée sur un reportage anglo-saxon :
"[...] pour ceux qui aiment porter une tenue de sport dans la vie de tous les jours, ou au quotidien."
France 2 a donc aujourd'hui fièrement déployé sa bannière rougeoyante pour nous rappeler à juste titre que ses journaux télévisés et sa grille de programmation sont dorénavant réservés aux imbéciles heureux... ou aux crétins béats.

mercredi 13 août 2008

Réouverture estivale

Comme aurait pu si brillamment l'exprimer Laure Manaudou, éminent porte-parole des associations respectives des adorateurs d'Oum le dauphin et des collectionneurs de bombes lacrymogènes : il faut savoir sortir la tête de l'eau quand il en est encore temps.

Aussi, bien que n'étant pas coutumier du fait de suivre aveuglément les poisseux conseils d'un insipide batracien ou du moindre parent vosgien d'une progéniture noyée intentionnellement, j'ai brusquement décidé de mettre un terme à cette sempiternelle période punitive aoûtienne, fatigué de fuir désespérément - à force de pulsions frénétiques sur la télécommande de mon téléviseur - ces jeux imbéciles inspirés d'une Grèce antique qui a dû se retourner d'effroi des milliers de fois dans sa majestueuse nécropole de marbre blanc ou dans son adorable berceau de philosophie mort-née, depuis l'apparition sur Terre de l'Homo Abrutus et sa horde de sportifs décérébrés, de stupides animateurs du petit écran, et de tous les crétins demeurés en général qui peuplent la une des journaux et les files d'attente aux caisses de mon supermarché favori.
De toute façon, je dois vous confier que j'ai déjà habilement paufiné au cours de ces dernières années mon propre assortiment de jeux estivaux tout aussi exaltants, dont je peux dès à présent vous dresser fièrement et généreusement une liste non exhaustive :
  • dénicher avant le coucher du soleil le buraliste de la ville qui n'a pas eu la brillante idée de prendre ses vacances au même moment que la majorité de ses collègues concurrents,
  • écouter pendant des heures au téléphone les déchirantes litanies d'amis dépressifs tout en décapsulant des bouteilles de bière d'une seule main,
  • réconforter ces mêmes amis jusqu'au petit matin tout en épongeant des flaques de bière sur la moquette, également d'une seule main,
  • se souvenir en moins de 45 minutes à quel endroit saugrenu on a pu garer son véhicule après s'être réveillé sur un canapé inconnu avec pour unique compagnie une magistrale gueule de bois et un paquet de cigarettes vide,
  • donner des prénoms romains à ses plants de tomates pour mieux leur trancher les fruits à coups de locutions latines au cours d'un cérémonial païen,
  • démontrer par A+B que l'association de chromosomes X+X engendre bel et bien le gène de la névrose récurrente, et qu'à ce rythme-là l'homosexualité vous pend au nez. Ou ailleurs.
Je tiens toutefois à préciser que ce dernier point ne s'applique aucunement à mes adorables amies qui se sont déjà prêtées de leur côté à l'épreuve précitée du décapsuleur lors de mes propres confessions lancinantes.

Cela étant, il arrive que la Providence place sur votre estival chemin non sablonneux - à défaut des faveurs de la craquante hôtesse de la caisse n°4 du supermarché susnommé - une intense et salvatrice bouffée d'oxygène anti-anxiogène, dont l'apport si bénéfique vous ferait aisément oublier vos habituelles addictions, majoritairement surtaxées par le gouvernement.
En effet, chaque jour en fin de matinée, la chaîne Paris Première a le bon goût de diffuser quatre épisodes de l'excellente série américaine Scrubs, réalisée par Bill Lawrence. Je suis donc ravi de partager avec vous, en cette veille du week-end le plus mortellement ennuyeux de l'année avant la période de Noël, l'un de ses truculents échantillons, diffusé ce matin-même.

Scrubs - Saison 3, épisode 19 - "Mon choix cornélien"

Croyez-moi, quand on absorbe quotidiennement de telles doses d'humour décalé, on en arriverait presque à tout pardonner à l'espèce humaine.

Scrubs theme song : Lazlo Bane - Superman
Musical guest : The Polyphonics Spree - Light and Day