mercredi 22 octobre 2008

Pays de condescendance

Amis européens, vous l'aurez compris : par l'intermédiaire de ce titre mélodieux, je tire ma révérence à monsieur Juncker - premier ministre luxembourgeois - dont j'admire définitivement le franc-parler et l'objectivité du regard porté sur le territoire français, souffrant sans nul doute d'arrogance exacerbée, de fierté souvent déplacée, et d'illusionnisme infantile. (JT France 2 - 21/10/08)

N'imaginez pas toutefois que je suis implacablement en farouche opposition avec tout ce qui émane de notre glorieuse patrie, dans la mesure où il m'arrive de temps à autre de me plier à certaines règles du jeu novatrices émanant de politiciens à l'imagination tout aussi débordante que leurs comptes bancaires offshore.
En effet, possédant un sens aigu de la curiosité - celui-là même qui m'avait un jour amené à faire avaler subrepticement du pâté de porc breton à un Musulman séquanodionysien afin de vérifier l'hypothèse d'une soudaine désintégration mystico-moléculaire ou a contrario d'une transformation en quelque chose d'utile pour l'évolution de l'espèce humaine - je me suis ardemment mis en quête des bienfaits vantés par le fameux adage gouvernemental "Travailler plus pour gagner plus".

D'où mon absence prolongée en ces lieux ; vous l'aurez également compris.

De cette infinie et hasardeuse dévotion, je ne dresserai toutefois que l'affligeant constat suivant : quand on travaille plus, on dépense incontestablement plus, finances et santé confondues.
En ce qui me concerne, œuvrant actuellement à mon compte - en ayant pour premier objectif imposé la survie des employés miséreux de l'URSSAF à qui je dois léguer quasiment tous mes biens sauf mes organes - j'ai constaté une nette augmentation de mes dépenses d'électricité, de café, de cigarettes et d'alcool, le tout en parfait désaccord avec les préconisations du Programme National Nutrition Santé.
Ajoutez à cela l'appartenance à un quartier pilote testant la tolérance humaine à la surabondance de décibels, et vous comprendrez aisément pourquoi il m'arrive aujourd'hui de voir régulièrement traverser des zèbres au galop dans mon salon et "des gens qui sont morts" dans le reflet du miroir de la salle de bains.

En résumé, il est grand temps de prendre le large, n'est-ce pas.

D'ailleurs, en guise d'hommage, je me permets de retranscrire ici les souhaits d'Emmanuelle dans le quatrième opus de sa série rose :
Aimons-nous les uns les autres, mais de préférence de l'autre côté.
Amen.

lundi 1 septembre 2008

Toxygénation

L'été s'achève, et vous regrettez déjà vos précieuses activités cérébrales et ludiques de bord de mer polluée ? Qu'à cela ne tienne, les animateurs de journaux télévisés français ont fidèlement guetté votre retour afin de vous faire oublier vos grilles de sudoku mazoutées et vous faciliter la transition vers une rentrée toujours plus propre et génétiquement correcte, pour le bien-mourir de chacun.
Amis fumeurs, si vous n'avez pas déjà succombé aux 11 000 souffrances que vous méritez sans détour selon la Bible de la Pensée Unique, vous n'êtes pas sans savoir que vous êtes dorénavant radioactifs grâce au polonium 210 décelé dans le tabac, et probablement phosphorescents en boîte de nuit, ce qui rendra profondément jaloux vos amis persuadés d'être les rois du dance floor depuis qu'ils ont appris les trois figures de gesticulation hystérique de la tecktonik, judicieusement agréée, elle, par le Ministère de la Santé.

Aussi, le Bistrot des Epinards vous propose aujourd'hui un petit atelier créatif destiné à vous préparer mentalement pour vos prochaines rencontres informatives du troisième type :
Imaginez le nouveau composant néfaste de la cigarette, puis inventez un slogan approprié.

Les meilleures propositions seront déclinées sous forme de maquettes de packaging et gracieusement envoyées aux associations anti-fumeurs, qui commencent dangereusement, elles aussi, à suffoquer par manque d'inspiration.

lundi 25 août 2008

GI vs JO

Pour honorer sans doute quelque nouveau phénomène de mode destiné à séduire les masses analphabètes briseuses d'héritages orthographiques, la chaîne télévisuelle France 2 revisite dorénavant quasi-quotidiennement les règles linguistiques et phonétiques francophones.
En guise de procureur adjoint protégeant vainement les chimères du bon sens, je plaiderai dans un premier temps la préméditation de vengeance justifiée, dans la mesure où - tout particulièrement pendant ces dernières semaines - la majeure partie des poupées Barbie du PAF déguisées en journalistes n'avaient absolument pas prévu de faire passer les GI avant les JO au cours de leur karaoké quotidien.
Il s'avérait donc bien normal de fustiger entre autres cette Géorgie qui avait l'indécence de montrer le bout de son orthodoxie quelques minutes avant l'étalage fureteur de balbutiements, pleurs et autres émois sexuels de nos glorieux mannequins en survêtement, et de la rebaptiser crûment "Jorgie", afin d'économiser judicieusement quelques syllabes et rendre ainsi à temps l'antenne aux tout aussi brillants commentateurs sportifs monosyllabiques. Au moins, grâce à cette nouvelle appellation, le spectateur avide de démonstrations musculaires stériles ne retenait que le phonème "jo" et pouvait bien encore patienter cinq minutes, bercé par ce doux subterfuge préliminaire, sans pour autant développer un éventuel embryon de réflexion sur quelque impromptu problème "jo-politique".
Comble de malchance pour les dégoulinantes plages horaires dédiées aux méticuleux observateurs de T-shirts mouillés olympiques, il a également fallu relater d'inopinées pertes humaines militaires françaises, alors qu'il est pourtant bien connu de tous que le risque de mortalité chez les soldats basés sur des terrains de camping terroristes est tout aussi improbable que l'éventualité d'une chirurgie mammaire ratée au sein de la salle de torture de l'avenant boucher marseillais Michel Maure.
A ce sujet, France 2 n'a d'ailleurs point épargné le domaine médical, puisque la chaîne se complaît encore aujourd'hui à présenter les épisodes de la série Urgences en postillonnant doucereusement la baseline suivante : "Urgences, une certaine philosophie de la vie".
Et pourquoi pas une "certaine poissonnerie du poisson", tant que nous y sommes ?

L'athlétique coup de grâce a été asséné au cours du dernier journal de 13 heures, durant lequel on a pu entendre cette traduction à l'infinie étendue sémantique apposée sur un reportage anglo-saxon :
"[...] pour ceux qui aiment porter une tenue de sport dans la vie de tous les jours, ou au quotidien."
France 2 a donc aujourd'hui fièrement déployé sa bannière rougeoyante pour nous rappeler à juste titre que ses journaux télévisés et sa grille de programmation sont dorénavant réservés aux imbéciles heureux... ou aux crétins béats.

mercredi 13 août 2008

Réouverture estivale

Comme aurait pu si brillamment l'exprimer Laure Manaudou, éminent porte-parole des associations respectives des adorateurs d'Oum le dauphin et des collectionneurs de bombes lacrymogènes : il faut savoir sortir la tête de l'eau quand il en est encore temps.

Aussi, bien que n'étant pas coutumier du fait de suivre aveuglément les poisseux conseils d'un insipide batracien ou du moindre parent vosgien d'une progéniture noyée intentionnellement, j'ai brusquement décidé de mettre un terme à cette sempiternelle période punitive aoûtienne, fatigué de fuir désespérément - à force de pulsions frénétiques sur la télécommande de mon téléviseur - ces jeux imbéciles inspirés d'une Grèce antique qui a dû se retourner d'effroi des milliers de fois dans sa majestueuse nécropole de marbre blanc ou dans son adorable berceau de philosophie mort-née, depuis l'apparition sur Terre de l'Homo Abrutus et sa horde de sportifs décérébrés, de stupides animateurs du petit écran, et de tous les crétins demeurés en général qui peuplent la une des journaux et les files d'attente aux caisses de mon supermarché favori.
De toute façon, je dois vous confier que j'ai déjà habilement paufiné au cours de ces dernières années mon propre assortiment de jeux estivaux tout aussi exaltants, dont je peux dès à présent vous dresser fièrement et généreusement une liste non exhaustive :
  • dénicher avant le coucher du soleil le buraliste de la ville qui n'a pas eu la brillante idée de prendre ses vacances au même moment que la majorité de ses collègues concurrents,
  • écouter pendant des heures au téléphone les déchirantes litanies d'amis dépressifs tout en décapsulant des bouteilles de bière d'une seule main,
  • réconforter ces mêmes amis jusqu'au petit matin tout en épongeant des flaques de bière sur la moquette, également d'une seule main,
  • se souvenir en moins de 45 minutes à quel endroit saugrenu on a pu garer son véhicule après s'être réveillé sur un canapé inconnu avec pour unique compagnie une magistrale gueule de bois et un paquet de cigarettes vide,
  • donner des prénoms romains à ses plants de tomates pour mieux leur trancher les fruits à coups de locutions latines au cours d'un cérémonial païen,
  • démontrer par A+B que l'association de chromosomes X+X engendre bel et bien le gène de la névrose récurrente, et qu'à ce rythme-là l'homosexualité vous pend au nez. Ou ailleurs.
Je tiens toutefois à préciser que ce dernier point ne s'applique aucunement à mes adorables amies qui se sont déjà prêtées de leur côté à l'épreuve précitée du décapsuleur lors de mes propres confessions lancinantes.

Cela étant, il arrive que la Providence place sur votre estival chemin non sablonneux - à défaut des faveurs de la craquante hôtesse de la caisse n°4 du supermarché susnommé - une intense et salvatrice bouffée d'oxygène anti-anxiogène, dont l'apport si bénéfique vous ferait aisément oublier vos habituelles addictions, majoritairement surtaxées par le gouvernement.
En effet, chaque jour en fin de matinée, la chaîne Paris Première a le bon goût de diffuser quatre épisodes de l'excellente série américaine Scrubs, réalisée par Bill Lawrence. Je suis donc ravi de partager avec vous, en cette veille du week-end le plus mortellement ennuyeux de l'année avant la période de Noël, l'un de ses truculents échantillons, diffusé ce matin-même.

Scrubs - Saison 3, épisode 19 - "Mon choix cornélien"

Croyez-moi, quand on absorbe quotidiennement de telles doses d'humour décalé, on en arriverait presque à tout pardonner à l'espèce humaine.

Scrubs theme song : Lazlo Bane - Superman
Musical guest : The Polyphonics Spree - Light and Day

vendredi 25 juillet 2008

Fermeture estivale


Scopitone du bar de la plage

Constance Verluca : Les Trois Copains

dimanche 20 juillet 2008

Black à part

Il y a un an et demi, frustrée de sombrer dans l'oubli médiatique, l'association SOS Racisme se devait de redorer son blason et renflouer ses caisses en dénichant la moindre ambiguïté syntaxique présente au sein de quelque annonce d'offre d'emploi, émanant de préférence d'une entreprise au bilan fructueux.
Fort heureusement pour ces justiciers cultivateurs de différences ethniques, l'ignoble Mickey Mouse a répondu présent, en ayant l'outrecuidance de proposer des postes basés en France à des candidats de "nationalité européenne".
Je me souviens avoir été moi-même confronté à cette terrible "injustice", lorsque j'avais sollicité un emploi auprès d'une importante compagnie canadienne, il y a quelques années. On m'avait alors poliment répondu que les postes que je briguais ne seraient dans l'immédiat pourvus que par des graphistes nord-américains - principalement canadiens - pour des raisons économiques particulièrement évidentes à ce moment-là, et personne n'est venu défiler devant moi en arborant un badge "Touche pas à mon poste".

Bref, honte sur moi, je n'ai jamais réussi à débusquer la moindre absurdité dans l'annonce en question, si ce n'est dans les élucubrations vengeresses qui en ont découlé.
L'intitulé mentionne en effet clairement le terme "nationalité", et non "type".
(France Info)

Cela étant, depuis quelques semaines, il est possible d'apercevoir sur nos petits écrans une campagne de prévention axée sur l'usage du préservatif, illustrée par un vidéoclip musical interprété par Jacky Brown et Lady Sweetie, intitulé "N'y pense même pas", traité sur un ton en théorie humoristique.
On y découvre une brochette de mâles aussi fortement pourvus en mélanosomes qu'en testostérone, ne pensant visiblement qu'à secouer leur légendaire organe à l'intérieur de jeunes femmes innocentes en proie à des secousses convulsives au niveau de leur arrière-train joliment rebondi et saucissonné dans de minuscules vêtements vraisemblablement empruntés à leur petite sœur prépubère.
Si l'attitude des demoiselles précitées peut éventuellement s'expliquer par quelque problème de rétention urinaire et l'incapacité de renouveler leur garde-robe en raison de l'inflation galopante, il en résulte toutefois qu'aux yeux du spectateur lambda, le message est quant à lui fort clair : Les hommes de couleur noire ne sont que de sombres obsédés se moquant éperdument d'éventuels risques liés à leur appétit libidinal féroce. Le même spectateur conclura par conséquent que c'était bien la peine de pousser prématurément Pascal Sevran dans la tombe en raison de ses propos poétiquement imagés dénonçant les coutumes sexuelles du peuple africain.

Seulement voilà : à priori, ce type de communication étroitement ciblée n'intéresse nullement les fiers guérilleros de SOS Racisme.
Il doit être en effet spécifié dans les statuts de l'association que seules les personnes de "type européen" sont suffisamment solvables pour assurer la pérennité de leur combat rétrograde.

mercredi 16 juillet 2008

Cap hilare

Alors que près d'un milliard d'êtres humains souffre aujourd'hui de malnutrition, il convient pour nous, fiers pays riches et surproducteurs de biens de consommation, de recycler intelligemment et déontologiquement tout surplus alimentaire normalement destiné à la destruction, comme l'exigent irrémédiablement les rigoristes textes de la Santé publique en cas de dépassement de la DLC.
Il ne s'agit pas uniquement d'éviter ainsi tout risque de développement de nos anticorps, mais bien de laver salutairement notre majestueuse conscience de tout superflu sentiment de culpabilité, dont la durée de vie est quant à elle quelque peu indéterminée.
Fort heureusement, pour le salut de nos âmes à peine périmées, il existe au sein des multinationales de performants départements marketing qui redoublent d'efforts et rivalisent d'ingéniosité pour nous vanter certains produits cosmétiques toujours davantage innovants en matière de reconversion nutritive.
C'est ainsi qu'il nous est possible par exemple de dénicher à l'heure actuelle sur le marché une alléchante gamme de shampoings à base de cacao, de gelée royale, d'huile de germe de blé, de lait de chèvre, de carotte, d'ananas... etc.

Aussi, faisons fi de notre légendaire égocentrisme, chers compatriotes nantis, et dispensons cet avisé conseil à nos voisins pauvres à l'estomac démuni d'apports énergétiques réguliers :

pour être en bonne santé, mangez nos cheveux.

N'oublions toutefois pas d'inciter nos convives à respecter le principe d'ingestion de cinq mèches de cheveux par jour, à heures fixes ; on ne plaisante pas avec le Programme National Nutrition Santé, tout de même.


Illustration : Vertumnes - Giuseppe Arcimboldo

jeudi 10 juillet 2008

La fin des haricots

Il y a tout juste une semaine, la Main baladeuse de Dieu s'est agitée frénétiquement au-dessus de la ville de Rennes pendant une poignée de minutes, activité suprêmement masturbatoire s'il en est, vulgairement nommée "orage grêligène" par les oracles hasardeux de la Pythie Météo France.
Cette courte et divine plaisanterie m'a cruellement fait prendre conscience de la fragilité de la Vie : le petit jardin potager dont je vous narrais fièrement la croissance arrogante sur ma modeste terrasse citadine a vécu son propre Fahrenheit 9/11, dont je ne fus que l'unique témoin. Ne disposant à ce moment précis du moindre casque de firefighter estampillé FDNY afin de braver cette soudaine chute de blocs de glace, j'ai dû douloureusement assister, impuissant, au génocide de ma progéniture végétale.

De cette funeste mésaventure, il existait forcément une morale à extraire.
Afin d'y méditer, je me suis alors servi un grand verre de vodka et allumé une cigarette.
Autant en effet profiter des rares plaisirs subsistants, surtout lorsque les glaçons sont abondants et gratuits, n'est-ce pas...

mercredi 25 juin 2008

Paire indigne

Bien que n'étant pas particulièrement adepte des plats réchauffés, je ne peux m'empêcher aujourd'hui de vous faire part d'un agacement récurrent dû à un message télévisé qui m'écorche prodigieusement les tympans depuis quelques mois déjà. Il s'agit de la campagne publicitaire d'un lunetier fort populaire, dont les initiales le prédestinaient à figurer au sein du meilleur classement du siècle organisé par les Pages Jaunes : un certain A.A.
Je vous prie même de croire que les mugissements braillards de l'idole des sourds œuvrant pour la concurrence ne m'exaspèrent pas à ce point.
Apparemment, outre un mauvais goût certain en matière de communication, le business de l'optique voit d'un très mauvais œil le respect des règles basiques de la langue française, et s'obstine dorénavant à nous vendre ses lunettes à l'unité.
Vous le savez tout aussi bien que moi : la lunette en question a toujours été proposée par paire à la grande majorité de l'espèce humaine non génétiquement modifiée, au même titre que celle des toilettes réservées aux frères ou sœurs siamois.
Après enquête approfondie, la conclusion est sans appel : en dehors de certains cancers, rien à ce jour ne nous permet de dissocier ce qui a invariablement existé en duo depuis la nuit des temps. Ainsi soit-il.

Le cerveau des publicitaires ne fonctionnerait-il donc plus qu'à moitié, lui aussi ?
Ces dangereux individus ont-ils déjà au moins essayé de découper un bon de réduction en suivant les pointillés avec un seul ciseau ?
Se sont-ils déjà aventurés à observer leur voisin(e) d'en face à l'aide d'une unique jumelle sans risquer la moindre migraine ophtalmique ?
Et si tel est le cas, leur est-il arrivé de concentrer leurs fantasmes sur une simple fesse isolée ?

Franchement, il y a une claque qui se perd...

Pour le dessert :
Quelques recherches liées à cette absurdité syntaxique m'ont permis de dénicher cet excellent site que je vous recommande vivement :

samedi 21 juin 2008

Billet vert

Dans l'honorable intention de lever le voile sur cette récente hibernation printanière, il me faut vous révéler qu'à force de voir rouge à chaque toquade imbécile du ministère de la santé, j'ai brusquement décidé de me mettre au vert, afin d'une part de changer de carrefour, et d'autre part de constater que la qualité de l'herbe était indéniablement supérieure chez nos voisins.

Cette aventure a donc débuté par un beau jour de printemps, au cours duquel, inspiré par je ne sais quelle sournoise fée Nature & Bio, je me suis surpris à badigeonner respectivement mon visage et mon balcon d'argile et de terreau, ces audacieux déploiements jardiniers m'ayant néanmoins incontestablement rappelé mes préalables battues militaires dans une nature parfois si hostile et fangeuse que j'aurais préféré à l'époque être armé d'une bétonnière plutôt que d'un Fusil d'Assaut de la Manufacture d'Armes de Saint-Étienne.
Force est de constater que plus l'on avance en âge, plus l'on se sent concerné par le vert.
Je ne vous ferai toutefois pas le plaisir futile de verbiager autour d'évidentes dérives homophoniques liées à cette dernière observation. Cela dit, de verbiager à potager, il n'y a qu'une racine.
C'est la raison pour laquelle ma grande terrasse jusqu'alors désertée - qui ne recueillait timidement que d'innocentes et onéreuses particules de kérosène abandonnées par quelque adepte imbécile de l'acrobatie aérienne s'appropriant chaque dimanche mon espace céleste - héberge désormais une importante famille légumière, dont je ferai inévitablement et prochainement partie si je continue à négliger ma plume de la sorte.

Je vous promets donc de dorénavant vous dresser régulièrement le bilan de chacune de mes cultures citadines, et de vous arroser fièrement de glorieux clichés photographiques vantant le volume de mes radis et la hauteur de mon haricot.
Quels efforts ne ferait-on pas pour une belle plante, n'est-ce pas.

Documentation complémentaire :
Savoir revivre (de Jacques Massacrier, publié chez Albin Michel - 1973)

mardi 20 mai 2008

Traitement de choc

"Depuis qu'on me l'a interdit, je ne fume plus. Je remercie vivement l'initiative du gouvernement qui a changé ma vie."
Tels sont les propos recueillis (ici grammaticalement corrigés) lors d'un reportage récemment diffusé sur France 2, destiné à illustrer la soudaine baisse de 10% de vente de cigarettes sur le territoire français.

Dépoussiérons donc nos serpentins et autres artifices carnavalesques, et saluons comme il se doit cette énorme victoire pour les justiciers politiques, les associations inquisitoires de guillotineurs de pipes, les fervents adorateurs au premier degré du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley, et balayons dans les recoins du bon sens les propos des buralistes européens frontaliers qui observent de leur côté une nette augmentation des efforts linguistiques de leurs voisins français et une hausse simultanée de leur chiffre d'affaires.

Dossier clos ? Que nenni ; il reste à éradiquer ce ramassis de fumeurs français récalcitrants. Après les avoir assimilés à la lie de la société et interdit leurs rassemblements dans des établissements autrefois dédiés à l'épanouissement culturel et social, il faut encore leur procurer d'innombrables angoisses culpabilisantes, par le biais de photographies choquantes qui devraient prochainement être apposées sur le précieux emballage de l'objet de leur vice dégoûtant.

Après tout, cette escalade de l'horreur audiovisuelle est déjà quotidiennement présente ; les media se complaisent à parsemer outrageusement les journaux télévisés de clichés de cadavres sanguinolents, les campagnes d'information en matière de santé publique d'images répugnantes, et les émissions musicales d'interventions bruyantes de Cindy Sander.

Ne nous leurrons pas ; nous serons bientôt TOUS inondés d'images cauchemardesques susceptibles de nous apprendre à mieux vivre dans la terreur. Ah, il est bien loin "le temps des rires et des chants", au sein d'un Jurassic Park bariolé et paradisiaque où c'était "tous les jours le printemps". On se souciait d'ailleurs bien peu à l'époque des valeurs nutritives du Gloubi-boulga ou du fait que François passait davantage de temps à souffler dans des préservatifs multicolores qu'à tenter de se reproduire avec Julie.
L'innocence n'est définitivement plus.
Permettez-moi de penser qu'à ce rythme-là, en raison de cette pénurie sans cesse grandissante d'images agréables et rassurantes, les albums illustrés des aventures de Martine se vendront prochainement à prix d'or sous le manteau.
Force est de constater qu'on n'offre plus du rêve ; on vend dorénavant du dégoût, de la frayeur, et surtout de la culpabilité. Tenez-vous le pour dit : on ne meurt plus aujourd'hui ni de manière naturelle, ni par quelque fâcheux concours de circonstances ; on ne se fait embarquer par la Grande Faucheuse que parce qu'on l'a bien cherché, madame.

D'ailleurs, afin de respecter cette nouvelle logique préventive, pourquoi ne pas placarder dans les halls d'entreprises des clichés photographiques médicaux représentant les ulcères des salariés ? Pourquoi ne pas incorporer aux panneaux d'affichage de certaines grandes sociétés le portrait du "suicidé du mois" ?
Ne devenons pas utopistes ; si travailler tue, il s'agit en l'occurrence d'une mort politiquement reconnue digne et propre, ouvrant droit à quelque abattement fiscal pour la famille du laborieux défunt.
Pour le bien de tous, il convient de concentrer davantage ses efforts sur ces hordes de pauvres qui se nourrissent si mal et deviennent obèses, sombrent dans le tabagisme et l'alcoolisme par pur mépris de leur prochain, polluent délibérément l'atmosphère avec leurs véhicules obsolètes...
... et par conséquent gangrènent sournoisement l'existence proprette des imbéciles heureux.

Entre nous, mesdames et messieurs les dictateurs de la pensée basique et réductrice, ne vous donnez pas tant de mal. En ce qui me concerne, dans un prompt élan de générosité, je vous fournis le précieux renseignement suivant : faites tout simplement imprimer les couleurs du drapeau français sur mon paquet de cigarettes préférées, et je vous promets d'arrêter de fumer sur le champ.

mercredi 7 mai 2008

Crise élémentaire

A l'instar de l'accent qui ne l'est plus sur bon nombre de voyelles, l'heure est grave. Aussi, afin de ne point succomber à une fatidique ablation de nos bourses due à quelque nouvelle envolée du coût des matières premières, jouissons de la tiédeur climatique actuelle, et laissons-nous l'espace d'un instant bercer par cette douce chanson de quête, recueillie par Marguerite Gauthier-Villars au cours du siècle dernier :

Voici, voici le joli mois de Mai. (bis)
Que les rosiers boutonnent.

Ma mie, ma mie, donnez-nous des œufs frais. (bis)

Si vous donnez des œufs frais

Pour remplacer nos muguets,
Ah ! nous vous remercierons dans nos chansons. (bis)


Ma mie, en plus des œufs frais, n'oubliez tout de même pas de ramener six ou sept litres de lait.
Plus quelques kilos de riz.
Ainsi qu'un jerrican rempli d'essence non plombée, afin de compenser la lourdeur de ma plume.
Sachez que les temps sont aussi durs qu'un jour sans pain, ma mie câline...

Nous avalerons ainsi de nouveau l'asphalte, jeunes et insouciants, nous goinfrant de riz au lait au volant de ma berline gourmande.
Et le monde sera plus beau.

mardi 22 avril 2008

Prise d'eau, taches

Vous constaterez que - en plus de me livrer à de douteux jeux de mots dignes de plaisanteries alsaciennes après ingurgitation de Schnaps - je n'arrive décemment pas à respecter cette momentanée période de fermeture du Bistrot des Epinards, précédemment décrétée le 14 avril.
Je vous prie de croire que ladite annonce n'était point dictée par quelque besoin publicitaire, mais relevait bien d'une sage décision préventive, dans la mesure où une certaine charge de devoirs professionnels déployée à mon encontre était susceptible de perturber le paisible service de cet honnête établissement virtuel.

En effet, pour être tout à fait franc, je dois vous avouer que le stress lié au surplus de travail déclenche en moi une incontournable et honteuse impuissance épistolaire.
En d'autres termes - fierté masculine oblige - je craignais fermement devoir me présenter face à vous avec la verve molle.

Il se produit malgré tout sur cette planète - parfois même à quelques pâtés de maisons ou terrines de tentes Quechua - de singuliers événements qui nécessitent l'immédiate publication de précieux témoignages destinés à nous faire profondément réfléchir sur les nombreux pièges et dangers occasionnés par l'expansive modernité de notre monde.

Soyez-en persuadés, votre serviteur a de son côté récemment vécu une expérience des plus traumatisantes, que je me dois de vous révéler de manière plutôt brutale :
j'ai été pris en otage dans mon propre appartement.
C'est donc en toute exclusivité que je vous relate le récit de cette épique mésaventure.
Au cours de la journée d'hier, alors que, tel un pseudo-César lessivier, j'avais augustement décidé de livrer aux jeux de mon lave-linge mes deux pantalons à usage régulier, je me suis rendu compte un peu tardivement que mes quelques vêtements de rechange se trouvaient toujours dans le garage de l'immeuble, situé quelques étages plus bas, alors que j'entamais pourtant mon cinquième mois d'occupation de ces lieux et que, par conséquent, j'aurais dû être dégagé de toute obligation d'emménagement.

Vous n'êtes pas sans savoir que lorsqu'on habite un modeste logement (que les agences de location se complaisent à dénommer coquet appartement pour duper les gens de mon espèce, davantage inspirés par la notion de coquetterie que par la taille de la chaudière), on se retrouve dans la cruelle incapacité d'y incorporer un congélateur, un baby-foot, un partenaire sexuel, et surtout un sèche-linge.

J'ai donc dû passer de longues heures prostré sur une moquette jeune mais grisonnante, vêtu d'un simple caleçon bordé par les conséquences de ma quarantaine naissante, tapi dans l'ombre de ces dernières, et rongé par la crainte de recevoir la moindre visite du facteur ou quelque convocation d'ordre professionnel.

Bien que n'étant aucunement coutumier des commémorations de tout poil, soyez toutefois assurés que je ne manquerai pas de célébrer, l'année prochaine, le 220ème anniversaire de la révolution des sans-culottes.

jeudi 17 avril 2008

Heures de colle

Afin d'aérer pendant quelques instants ces lieux provisoirement clos et d'égayer votre quotidien que je devine parfois morne, il me prend l'envie en ce jour de partager avec vous cette légère comptine écrite par René de Obaldia en 1969, qui a sans nul doute dû inspirer les érotiques carrières de Clara Morgane et certaines de ses consœurs (et qui devrait réveiller les envies gourmandes de notre amie Constance Prunier) :

J'ai trempé mon doigt dans la confiture,
Turelure.
Ça sentait les abeilles,
Ça sentait les groseilles,
Ça sentait le soleil.
J'ai trempé mon doigt dans la confiture,
Puis je l'ai sucé
Comme on suce les joues de bonne Grand-maman
Qui n'a plus mal aux dents
Et qui parle aux fées...
Puis je l'ai sucé,
Sucé,
Mais tellement sucé
Que je l'ai avalé.

Cette sympathique poésie apprise innocemment en classe de CM2 m'est brutalement revenue à l'esprit, bien que m'étant livré à l'époque à une consciencieuse auto-thérapie visant à éradiquer tout cauchemar lié à cette effroyable vision de phalanges avalées.
Je devais hélas replonger quelques années plus tard dans ces mêmes tourments, après avoir découvert le fameux documentaire balnéaire réalisé par Steven Spielberg dévoilant les terribles rouages de la chaîne alimentaire maritime, qui nous permettent toutefois aujourd'hui de dénicher sereinement quelques mètres carrés destinés à étaler notre serviette de bain sur la plage des Sables d'Olonne, quand le sournois cargo Artémis ne s'y trouve pas.

Après une point trop mûre réflexion, il me semble avoir compris la raison d'un tel impromptu souvenir.

Il y a deux jours, j'ai renversé une bière sur mon clavier.
Mais tellement renversée,
Que j'ai dû le remplacer.
Je dois admettre que cette anecdote est nettement moins poétique que les écrits de Monsieur de Obaldia, mais je confesse haut et fort qu'il est prodigieusement frustrant de pianoter sur un clavier dont plus de quinze touches se retrouvent cruellement collées à leur socle, et par conséquent hors d'usage.
Frustrant incident, en effet, lorsqu'on n'a plus la chance d'être un jeune écolier français...

lundi 14 avril 2008

Pause

Nous informons notre aimable clientèle que le Bistrot des Epinards sera fermé jusqu'au 30 avril inclus.

Nous assurerons toutefois le service dès le premier mai, dans la mesure où il nous prend rarement l'envie de fêter le travail sous toutes ses formes.

Nous vous remercions de votre fidélité et vous disons Ken emberr.

mercredi 2 avril 2008

Héron, héron...

Si mon âge semi-avancé me permet aujourd'hui de vous parler d'un temps que les moins de vingt ans et certains habitants du Poitou privés d'ondes hertziennes ne peuvent pas connaître, celui-ci m'autorise également à révéler à qui de droit que la culture humoristique est à ce jour aussi présente dans les media français que la descendance de l'ourse Cannelle dans les Pyrénées.
Sachez qu'à l'époque où je m'évertuais à assembler péniblement les gadgets de Pif-le-chien-bolchevik, j'étais très friand des prodigieux efforts déployés par les journalistes de la presse écrite et audiovisuelle qui glissaient régulièrement - et de manière si subtile - de croustillants canulars au sein de leurs articles et journaux télévisés dès l'aube de chaque premier avril.
Je me souviens aujourd'hui encore de ce sympathique exercice cérébral, qui n'avait d'égal que nos toutes premières stratégies de joueurs d'échecs en herbe, quand la position de notre dame blanche soumise à un prompt roque de l'adversaire nous excitait davantage que celle de toute opaline demoiselle soumise au tout aussi prompt Rocco Siffredi.

Force est de constater qu'en ces jours de disette intellectuelle, le fameux héron décrit par Jean de la F. dans l'une de ses fables ne se contenterait fatalement que du premier vulgaire poisson pané venu.
En effet, dans la journée d'hier, lors de la diffusion par M6 du glutineux "Six minutes" - qui en compte d'ailleurs au moins cinq inutiles - la représentante des produits Yves Rocher déguisée en journaliste a conclu sa prose télépromptée par une excessivement poisseuse badinerie, avant de laisser échapper un irrésistible pouffement, joliment assorti à sa charmante prestance de serveuse de boîte de nuit de banlieue.
Je ne perdrai toutefois pas mon précieux temps à vous dresser le moindre résumé de cette indigeste imposture, qui a tout de même dû faire frémir des cargos entiers de pêcheurs de bâtonnets mous.

Que l'on me fournisse un seau, par pitié.
Ou un pic à glace.
Mais je laisserai le soin à ces immondes tortionnaires du bon goût intellectuel de boire seuls leur Champagne définitivement tiède.

samedi 29 mars 2008

Comic de situation

Afin de justifier de manière habile la soudaine rareté de mes visites en ces dépaysantes et agréables contrées virtuelles, j'ai décidé de vous faire part de mon propre accaparant et fougueux engagement dans une noble cause d'ordre international, au risque de me faire huer par certains lecteurs qui, de leur côté, vouent plus de la moitié de leur corps et les trois-quarts de leur âme dans de plus grandioses combats spirituels, qui leur feraient presque oublier l'inquiétante inflation des coûts pratiqués par les magasins Franprix.
En effet, ne bénéficiant que d'un bagage culturel relativement modeste, j'éviterai de m'aventurer sur les pentes glissantes de l'Himalaya, n'ayant en mémoire à ce sujet que les truculentes aventures de Tim und Struppi, quand ces derniers recherchaient obstinément dans le fin fond du Tibet leur ami Tchang à la chevelure sauvage et incertaine, ce dernier s'adonnant alors innocemment à quelque fraîche activité semi-zoophile en compagnie d'un Yéti fort sympathique, bien que très peu épilé lui aussi, années soixante obligent.
Les bons gongs faisant les Bonzes amis, comme le proclamait si bien Marcel Gotlib, je vous apporterai en ce jour un tout autre son de cloche.

Je l'avoue donc éhontément : mon combat est bien moindre.
En qualité de créatif, j'abhorre simplement mais radicalement la police typographique dénommée Comic Sans.

Ne souriez pas, je vous prie ; le sujet est relativement grave, et nous sommes déjà fort nombreux à nous rallier à cet important combat à l'indéniable et judicieux caractère culturel.
Vous trouverez d'ailleurs quelques informations concernant notre estimable mouvement ici.

Personnellement, des années durant, j'ai dû fustiger des hordes de clients stupidement bornés et illégitimement persuadés que le sacro-saint - néanmoins vulgaire - Comic Sans représentait la solution incontournable à tous leurs maux publicitaires et communicatifs. Bien que n'ayant perdu la moindre plume calligraphique lors de ce combat à l'issue incertaine, j'admets que la simple vue de cette écriture de bande-dessinée me procure encore à ce jour les mêmes convulsions inspirées par les inévitables smileys susceptibles de nous rassurer lors de nos quiproquos virtuels.

Cela dit, ma dernière lettre de licenciement était rédigée avec cette même police de caractères, et je confesse cette fois avoir réagi avec un large sourire.
Sur fond jaune, évidemment.

dimanche 16 mars 2008

Papy birthday

Hasard du calendrier de la Grande Faucheuse, la disparution du dernier "poilu" français rescapé de la grande guerre de quatorze eut lieu la veille de mon dernier anniversaire, événement m'ayant cruellement rappelé que, de mon côté, j'entamais dorénavant celle de trente-neuf.
En guise de commémoration globale, j'emploierai donc la conjugaison du passé simple, afin d'illustrer celui qui le fut nettement moins.
A la découverte d'une telle annonce nécrologique, je ne pus en effet m'empêcher de me remémorer avec émotion ces fabuleux moments occupés à patauger péniblement dans la boue des tranchées, il y a quelques années, lorsqu'un certain Jean-Pierre Jeunet admit que le casque Adrian et la moustache en guidon me seyaient suffisamment élégamment pour mériter d'être fixés sur son œuvre cinématographique, axée - à l'instar de mes premiers billets d'humeur - sur l'épique traversée des mornes plaines dominicales.
Brassant avec une certaine délectation les souvenirs de cette glorieuse épopée digne des publicités "lessivières" les plus fangeuses, je me souvins nettement de cet intrigant personnage, arborant fièrement l'insigne d'assistant du réalisateur, qui nous pointait du porte-voix afin de déterminer de manière solennelle qui d'entre nous allait vivre ou mourir pendant la traversée du no-man's land brumeux truffé de charges pyrotechniques.

Sachez-le aujourd'hui, chers valeureux compagnons d'aventures virtuelles : votre serviteur a enjambé de nombreux corps inertes et ensanglantés pendant des centaines de mètres, esquivant habilement les rafales de mitrailleuses et d'impromptues chutes d'obus, bravant d'épais rideaux de fumée tout en louvoyant insolemment sur un terrain particulièrement meurtri.
Le doigt divin de l'assistant précité m'avait en effet épargné dans le déroulement de cette course folle, et je survécus brillamment - sans la moindre égratignure - à l'issue de cette terrible épreuve, mettant triomphalement en scène ma sortie définitive du cadre de l'écran panoramique.

Au cours de la soirée de vendredi, je me suis méchamment abîmé l'annulaire droit pendant une innocente partie de ping-pong dans le garage calfeutré d'un couple d'amis aux intentions tout à fait honorables.
Je vous avoue que la logique de la destinée m'échappe, parfois...


UncommonMenFromMars - Dark Sunday

mardi 4 mars 2008

Chic TIP

A moins d'être radicalement réfractaire à ces délétères doses de pourcentages absurdes que l'on nous inocule invariablement depuis quelques mois, vous vous souvenez probablement de la miraculeuse conclusion de l'étude menée par l'éminent humoriste-professeur Dautzenberg, communiquée il y a une dizaine de jours à une France dorénavant muette de stupéfaction.
Bref rappel des faits : ici.

Fort heureusement, la Science ne compte pas parmi ses rangs qu'une vulgaire horde de mercenaires décérébrés au service des maisons de retraite, dégainant leur calculatrice plus vite que l'ombre de la Mort, et se masturbant frénétiquement sur la dépouille agonisante de l'intelligence humaine.

Geoffrey Miller, Joshua M. Tybur, et Brent D. Jordan - œuvrant dignement pour le département de psychologie de l'Université du Nouveau-Mexique - sont donc là pour nous rappeler que, d'une part, un certain laps de temps est nécessaire pour mener à terme une étude scientifique digne de ce nom, et que, d'autre part, il existe des sujets de recherche nettement plus essentiels que celui des "yeux qui piquent" des garçons de café, études qui justifient au moins incontestablement leurs appréciables salaires de glorieux chercheurs.
Il aura en effet nécessité soixante jours de dur labeur à Geoffrey et ses collègues pour côtoyer scrupuleusement 18 jeunes femmes spécialistes de lap dance - se dandinant chaque soir luxurieusement sur les genoux de clients innocents égarés dans quelque nightclub d'Albuquerque - et ainsi minutieusement consigner les variations de pourboires des demoiselles précitées en fonction des stades de leur cycle ovarien.

Il en résulte que ces "danseuses" gagnent nettement plus d'argent pendant leur phase ovulatoire que lorsqu'elles sont sujettes à toute menstruation, période pendant laquelle elles ne récoltent que deux fois moins de billets verts pour les mêmes déploiements tactiles.
(Il est également à noter que le fait de prendre la pilule contraceptive leur ampute les revenus de quelques dizaines de dollars par soirée.)

Vous pouvez découvrir le bilan de ces passionnantes recherches ici.

Mesdames, mesdemoiselles, vous savez dorénavant ce qu'il vous reste à faire pour contribuer fièrement au redressement économique de votre pays :
Ovuler plus pour gagner plus.


Day One - Bedroom Dancing

mercredi 27 février 2008

Récréation apéritive

En guise de divertissement, et en concordance avec certains brûlants sujets de l'actualité française, je vous propose aujourd'hui de vous adonner à ce petit QCM confectionné par votre serviteur, qui définira - en théorie - votre degré de répartie face à toute situation impromptue.

(Vous pouvez simplement comptabiliser le nombre de A, B et C)


1/ Un(e) inconnu(e) vous offre des fleurs.
A - Vous lui demandez s'il/elle fournit également le vase approprié.
B - Vous tombez sous le charme ; c'est si merveilleux, le romantisme...
C - Vous lui dites que vous êtes allergique au pollen.

2/ Une paire de témoins de Jéhovah frappe à votre porte.
A - Vous les invitez à entrer pour leur exposer votre vie dissolue.
B - Vous leur répondez que vous avez du linge à étendre.
C - Vous leur déclamez que vous bénéficiez de la protection des témoins, et leur claquez la porte au nez.

3/ Votre ex-ami(e) vous appelle dans la soirée pour vous proposer un moment de tendresse partagée.
A - Vous déclinez son offre et lui faites fièrement part de votre mariage prochain à Beverly Hills.
B - Vous lui répondez "Quand tu veux" ; après tout, votre existence est relativement morne en ce moment.
C - Vous lui demandez où il/elle se trouvait pendant votre dernière tentative de suicide.

4/ Complétez ce proverbe : "Pierre qui roule..."
A - "devrait davantage se méfier des radars automatiques."
B - "n'amasse pas mousse."
C - "qu'à la fin elle se casse."

5/ Selon vous, mieux vaut :
A - Avoir un gros rhume et regarder ARTE.
B - Etre en bonne santé et regarder TF1.
C - Ecouter Fun Radio sous l'emprise de Lexomil.

6/ D'après vous, "La roue du char dérape sous la pluie fine", c'est :
A - Forcément une somptueuse contrepètrie.
B - Les paroles d'une chanson de Linda Lemay.
C - Je m'en fiche royalement. C'était la dernière question ?

7/ Vous vous égarez dans l'immense aéroport d'un pays étranger.
A - Vous allez tranquillement prendre un verre et savourer cette sensation d'être perdu(e) à quelques milliers de kilomètres de chez vous.
B - Vous recherchez désespérément une hôtesse parlant français.
C - Vous décidez de porter plainte contre votre agence de voyage et votre opticien.

8/ Quatre de vos amis viennent dîner chez vous à l'improviste.
A - Vous leur servez des pizzas dans des assiettes en carton et faites durer l'apéritif.
B - Vous vous mettez en quatre - justement - pour leur mitonner un repas original.
C - Ca ne risque pas d'arriver ; vous n'avez jamais eu quatre amis simultanément.

9/ Complétez cette maxime : "Quand on jette un chat en l'air dans un restaurant italien, ..."
A - "il retombe forcément sur les pâtes."
B - "il se fait mal, le pauvre chéri."
C - "il s'empale sur une fourchette."

10/ Votre partenaire amoureux souhaite vous enduire le corps de miel.
A - Vous lui demandez s'il/elle a décidé de vous enterrer à proximité d'une fourmilière mexicaine.
B - Vous vous rappelez que vous n'avez pas encore fait les courses.
C - Vous téléphonez à un psychologue ou à votre mère.

jeudi 21 février 2008

Ich kiffe dich

Si une certaine curiosité malsaine, un lien malveillant ou quelque promenade hasardeuse vous ont déjà conduits sur le site internet de Skyrock, dorénavant tristement célèbre pour son ramassis de blogs acnéiques et imbéciles où fourmillent les futurs brillants acteurs de notre société, vous aurez inévitablement constaté d'une part que le français brigue un statut de langue morte, et d'autre part probablement supplié que l'on vous fournisse un tube d'Efferalgan - ou une arme à feu, peut-être - dans les cinq minutes qui ont suivi le laborieux décryptage des deux premières lignes du moindre article au contenu indéniablement substantiel.

Je ne m'étendrai toutefois pas sur l'affligeant sujet que représente le phénomène du langage SMS chez les jeunes, déjà maintes fois abordé, pour me concentrer plutôt sur les dernières motivations linguistiques de ces chers écrivains en herbe hallucinatoire (cf traduction du verbe allemand kiffen).
Tout espoir au milieu de ce désert culturel poussant justement - selon les media - comme toute mauvaise herbe, il a récemment été révélé que grâce à leur fanatisme accru à l'égard de groupes musicaux teutons à la mode tels que Tokio Hotel ou encore Killerpilze, nos apprentis tortionnaires étymologiques se prennent dorénavant de passion pour la langue de Goethe - reconnue effectivement pour sa consonance harmonieuse et sa structure d'une souplesse inégalable - qu'ils vont cependant cette fois-ci manipuler avec la plus grande précaution.
La raison en est fort simple : le destin pouvant conduire les jeunes leaders germaniques troubadours (prononcer troupatour) à tomber amoureux de Priscilla ou Audrey lors de leur prochain concert en France, il vaut mieux pour ces dernières être parfaitement préparées à tout préliminaire verbal lors de leur instante Liebesgeschichte.

Le remède contre l'analphabétisme exponentiel de nos adolescents égarés résiderait-il donc tout simplement au sein de leurs furieuses et subites obsessions hormonales ?
Le karaoké serait-il la solution ultime à cette déchéance linguistique ?

Prenons l'exemple suivant, "rédigé" (pour rester poli) par une jeune bretonne d'origine marseillaise, bientôt en âge de voter et malheureusement de procréer :
cmec tro tigen é pui super mignon hein lé meuf laché i dé com biz a toi the bo goss AKM
(source : laptitepupuce05)

Dans cette déclaration enflammée à un reproducteur potentiel, on y décèle ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui une prodigieuse anomalie : la demoiselle a correctement orthographié sans discontinuer les mots "super" et "mignon", au risque de se faire huer par ses non moins excités congénères. En suivant donc le raisonnement précité, nous pouvons en déduire que ces deux vocables font partie des paroles d'une chanson francophone (de banlieue, sans doute) "déjà dans les bacs".

Volons donc au secours de Diam's, Vitaa, Amel Bent et consorts pour sortir cette jeunesse de l'illettrisme dans lequel elle s'englue, et saluons aujourd'hui les profitables efforts pédagogiques de nos chers voisins allemands.

Wir Sind Helden - Nur Ein Wort

lundi 18 février 2008

Fiat Lux !

S'il est un aspect particulièrement sombre de mon existence que je vous ai honteusement dissimulé jusqu'à ce jour, c'est qu'en dehors de vastes portiques, j'ai longuement vécu dans la pénombre, et de manière encore plus tragique et souterraine durant ces derniers mois.
Et il ne s'agit aucunement d'une métaphore, soyez-en certains.

Alors que bon nombre de mes congénères me perçoivent généralement comme une créature damnée, mi-ange mi-démon, voué à une punitive existence nocturne, je me devais aujourd'hui de vous révéler cette éblouissante vérité : s'il m'arrive de vénérer le dieu soleil, sachez que ce dernier me reflète au centuple ces brèves passions enflammées à son encontre.
Bref, cet échange est parfois très douloureux.
Depuis ma plus tendre enfance, mes prudents géniteurs recouvraient déjà frénétiquement mon crâne exagérément chevelu de linges humides et bariolés - années 70 obligent - lors de chacune de mes expositions à quelque dangereux rayonnement au fort potentiel ultraviolet. Ces pittoresques artifices m'ont d'ailleurs au fil du temps amené à réaliser que le ridicule ne tue pas, que ce qui ne tue pas nous rend plus fort, et que par conséquent le ridicule nous rend plus fort.
Si cet éclairé syllogisme m'a souvent rassuré, il s'avère que j'ai tout de même dû depuis - et à maintes reprises - braver à visage découvert cet odieux astre solaire afin d'affirmer une vague appartenance à cette société, et aussi parce qu'il n'est pas toujours du meilleur goût d'effectuer un retrait bancaire la tête emmitouflée d'une cagoule.
Toutefois, il me fallait définitivement franchir ce pas vers la lumière, sans pour cela me faire nécessairement emporter par un quelconque cancer.

Il y a une poignée de semaines, j'ai donc refait surface, en décidant de louer un coquet appartement pourvu d'une terrasse haut perchée, qui me rapproche de manière allégorique de la sainte grue du chantier d'à côté à laquelle je faisais allusion quelques articles plus bas.
Eh bien croyez-le ou non : toute envie d'occupation de cet espace lumineux est à ce jour invariablement absente, et j'avoue n'y mettre les pieds et les mégots qu'à la nuit tombée, me tenant rigidement à une trentaine de centimètres de la balustrade telle une gargouille de seconde ligne, parce qu'en plus je souffre de vertige.

C'est pourquoi je souhaite aujourd'hui mettre à contribution votre imagination fertile afin de recueillir diverses idées lumineuses - qu'elles soient jardinières, ludiques ou autres - qui me permettront de rentabiliser efficacement cet espace à l'allure pour l'instant bien triste.

Mais si l'un d'entre vous a le malheur de me suggérer l'installation d'une bâche, je l'étouffe avec celle de la terrasse du plus proche débit de boissons.


Flunk - On My Balcony

mercredi 13 février 2008

01.01 : the day after

Il y a tout juste une semaine, dans un élan de frénésie contenue, je me suis pourvu d'une dizaine d'euros, d'une paire de tickets de métro et d'une bonne ration de courage afin d'aller fouler de nouveau - d'un pas toutefois hésitant - le pavé glissant des pittoresques ruelles du quartier Sainte-Anne de Rennes, principalement réputé et apprécié pour ses conviviaux rassemblements de collectionneurs de Gamma-glutamyl Transpeptida.
Il m'aura en effet fallu un peu plus d'un mois pour oser faire face à cet inéluctable constat et ce terrible spectacle de désolation : sachez-le, depuis l'ouverture de la chasse aux fumeurs dans les débits de boissons, la "Rue de la Soif" s'est métamorphosée en "Rue de la Satiété".
Un délai d'une semaine après cette douloureuse expérience me fut également nécessaire pour vous épargner aujourd'hui l'étendue sémantique de mon vocabulaire grossier, habituellement réservé aux supporters de football et autres adeptes du klaxon.
L'adorable petit bar répondant au doux nom de "Bernique Hurlante" - où j'avais décidé, depuis ma récente arrivée dans cette métropole, de placer mes maigres économies grâce aux conseils avisés d'une charmante Alsacienne expatriée - n'avait pas échappé à ce châtiment politiquement absurde, et je n'ai pu y constater que la tragique disparition du fameux jeu des tabourets musicaux, dont j'étais auparavant fort friand et vis-à-vis duquel j'avais appris à faire preuve d'une certaine habileté au cours de ces derniers mois.

Aussi, n'ayant aucune envie de nous faire emballer, ma cigarette et moi, dans la moindre bâche plastique défigurant certaines - autrefois coquettes - places rennaises, j'ai rapidement rejoint mon modeste espace de libertés viciées, dignité sous le bras, fidèle compagne sur l'oreille, et le reste à l'endroit prévu à cet effet.
Quelle salvatrice alternative me restait-il alors, me demandai-je, afin de combler cette soudaine disparition d'environnement social ?

Internet et ses chatrooms, bien sûr.

C'est pourquoi dorénavant, au lieu de m'alcooliser agréablement en compagnie d'anonymes avant extinction des foies, j'agite furieusement ma verve jusqu'au petit matin (avec plaisir, tout de même), doutant fortement que cela soit meilleur pour la santé.

Il paraît en effet que cette silencieuse habitude solitaire rend sourd, à force.


Clem Snide - 1989

vendredi 8 février 2008

LOVE (ter)

A l'heure où les espaces d'expression sont légions sur les flancs des avenues virtuelles - berceaux de méditations diverses dont la croissance exponentielle n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle des radars automatiques qui épient infatigablement nos étendues d'asphalte - il devient de plus en plus complexe de dénicher d'agréables aires de ressourcement dignes de ce nom.

Toutefois, il arrive qu'au détour d'un lacet - après n'avoir parcouru dans le meilleur des cas qu'une centaine de clics - la providence nous révèle une discrète enseigne lumineuse annonçant l'emplacement et les vertus prometteuses d'une fontaine spirituelle que les habituels distributeurs de boissons tièdes n'ont pas encore souillée de leurs navrants liquides gazeux.

Constance Prunier a récemment ouvert sa propre échoppe, et, entre deux parfumées pintes d'élixirs, elle y parle d'amour.
Pas de l'amour d'une quelconque progéniture braillarde ni d'une éventuelle passion arctophile hypoallergénique, non ; mademoiselle Prunier nous conte l'Amour en lettrines et majuscules.
Se définissant elle-même comme "chercheuse en relation amoureuse", elle agence avec goût sa page virtuelle aux reflets rosés, en y couchant - à l'encre assortie - le bilan de ses scrupuleuses recherches, décryptant l'alchimie amoureuse sous toutes ses formes, ses sons et ses couleurs.

Une odyssée au pays des passions et des sentiments torturés que je vous invite vivement à découvrir ici.

mercredi 6 février 2008

Happy hours

Une fois n'étant pas coutume (et le niveau de ma réserve de cigarettes étant dangereusement inquiétant), j'ai décidé hier soir de me coucher tôt. Aussi, afin de tromper la sournoise vigilance de mon organisme, j'ai soigneusement allongé mon corps perpendiculairement à l'écran de mon téléviseur allumé, dans l'espoir d'annihiler toute envie créative.
C'est alors qu'au bout d'une vingtaine de frénétiques pressions sur ma fidèle télécommande, dans le prime espoir de dénicher un quelconque programme plus anesthésique qu'un autre, j'ai soudainement imposé une raideur absolue à mon index, afin de suivre pendant quelques minutes le déroulement de l'émission "Ce soir (ou jamais !)" présentée par Frédéric Taddeï, qui, de son côté, aurait plutôt des vertus psychotoniques sur tout organisme normalement constitué.
Figurait parmi d'illustres invités le journaliste (engagé, s'il vous plaît) François d'O., qui a fièrement prouvé cette nuit-là à l'assemblée philosophiquement rebelle qu'il possédait lui-même un férocement mordant sens de l'humour.
En effet, afin de rebondir sur les propos de l'un de ses prolixes voisins, qui venait de ponctuer sa plaidoirie par un discret et résigné "De toute façon, depuis qu'on ne peut plus fumer dans les bars...", notre cher François, tout sourire, déroula avec grâce un prodigieux "Cela a tout de même permis de réinstaurer le principe de convivialité des terrasses."

Croyez-moi, à une époque où nous souffrons cruellement de l'absence d'humoristes français (engagés ou dégagés, comme le clamait si joliment un certain Pierre D.), il convient de dignement souligner ces trop rares traits d'humour.

Grâce à Dieu (ou tout autre produit générique), François n'est cependant pas l'unique individu à apporter sa pierre à l'édifice de notre société nouvelle au capital sans cesse croissant.
Il y a quelques jours, un certain Philippe L., journaliste (engagé, merci) spécialisé dans le tartinage allégé du Parisien, nous avait déjà honorés de sa rosâtre et idéaliste vision du nouveau monde (qui n'a rien à voir avec la nouvelle mouture du quotidien du même nom).
Je vous laisse d'ailleurs découvrir son joli poème de fête des mères ici.

Je vous en prie, amis fumeurs rongés par la déception et terrassés par des craintes sans doute justifiées, ne devenez pas médisants : abus d'anxiolytiques et démagogie n'ont strictement rien à voir avec le contenu de tous ces propos hallucinogènes.

Rendons-nous à l'évidence : l'humour nouveau, audacieusement situé au premier degré et demi, est arrivé.

Pour notre santé intellectuelle, sachons toutefois le consommer avec modération.

lundi 4 février 2008

Interlude

Très chers lecteurs,

A mon grand regret, il me fut impossible de vous faire découvrir aujourd'hui, comme prévu, cet aperçu de la vie des bars rennais de "l'après 01/01/08".
A ma décharge, je n'ai pu en effet rendre à temps ma copie suite à de déplaisants aléas climatiques (qui, je tiens à le souligner, sont tout de même relativement rares dans cette jolie région ; d'ailleurs, s'il le faut, je pourrai également fournir un mot d'excuses de Météo France).

Aussi, afin de vous épargner le pénible spectacle d'une banale mire de barres dépourvue de toute âme artistique, j'ai décidé de combler judicieusement ce vide culturel par l'ouverture d'un espace d'expression libre.
De plus, dans l'espoir d'assouvir cette soudaine hystérie culinaire qui vous anime tous et toutes depuis quelques heures, il y sera principalement question de coquilles Saint-Jacques cuisinées à toutes les sauces.
Ce pélerinage temporaire sera animé par notre amie Fleur, également (re)connue sous le pseudonyme de Mafalda.

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite un bon appétit. (and don't forget the tip, please...)

vendredi 1 février 2008

Hémisphères

Il est aujourd'hui grand temps de résoudre cette essentielle interrogation :
Doit-on, oui ou non, soutenir une discussion avec son coiffeur pendant qu'il vous taquine le poil capillaire ?

Eh bien je le clame haut et fort : ne vous engagez jamais dans une telle épopée, imprudents Samson amateurs que vous êtes.
Si sympathique soit-il, il convient d'ignorer avec bienséance cet artiste sculpteur de cellules mortes, et préférer se concentrer silencieusement sur le reflet de ses propres rides naissantes.

En effet, chez ce fier individu à la plastique souvent irréprochable et au maintien généralement arrogant, il est à présent prouvé que la partie du cerveau sollicitée pour tout acte de réflexion est strictement située au même endroit que celle qui lui dicte ses gestes habiles emprunts d'une précision artistiquement martiale.

Bref, j'aurais mieux fait de me taire.

jeudi 31 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part three)

Vous ai-je déjà avoué que je haïssais catégoriquement le dimanche ?

Selon les dires de mes proches, je serais une personne atteinte du virus de la désorganisation.
Pour ma défense, j'affirme en ce jour ouvrable que cette cinglante remarque ne se rapporte essentiellement qu'à ma fâcheuse aptitude à me retrouver le Septième Jour perpétuellement dépourvu de salvateurs biens de consommation courants (cigarettes, plats cuisinés emballés dans leur microwavable gamelle en plastique, vodka suédoise, ou encore cartouches d'encre destinées à ma belle et gourmande imprimante que j'ai baptisée, un soir d'égarement, Sidonie).
En effet, selon l'Evangile et Wikipedia, seulement quelques jours après son autoproclamée existence, notre Créateur - dans son infiniment hallucinatoire mansuétude - aurait approximativement proféré les paroles suivantes : "le Dimanche, tu n'iras point te substanter par le biais de ton centre commercial le plus proche, parce qu'aujourd'hui on ferme, et que Moi je file sous ma divine couette rembourrée de plumes d'anges." Puis, avant d'enfiler son pyjama céleste, Il aurait ponctué cet impromptu commandement en marmonnant d'un ton semi-solennel "Telle est ma Volonté jusqu'à la fin des temps", avant de disparaître à tout jamais, noyé dans un tourbillon d'extravagants effets pyrotechniques qui auraient sans nul doute procuré à George Lucas l'incontournable besoin de nous assener un N-ième épisode de Starwars.

Seulement voilà, en dehors de toute considération liée à mon hygiène buccale, je grince hebdomadairement des dents.

D'une part, guidé par quelque fierté (sans doute déplacée, je l'admets) et prudence bien fondée qui m'interdit catégoriquement de dépenser plus d'une certaine somme lors de mes périodes de chasse consommatoire, vous ne me verrez ô grand jamais accroché au guidon du moindre caddie, singeant un quelconque hamster humanisé. Soyez-en fermement assurés : je ne vis et ne consomme qu'au jour le jour ; ainsi soit-il.
D'autre part - et certainement pas pour honorer cet étrange principe obsessionnel du "travailler plus" - il m'arrive fréquemment de finaliser mes commandes professionnelles lors de périodes réprouvées par la morale (oui, même le jour de Noël, madame), simplement parce que mon choix consiste à satisfaire pleinement ma propre clientèle en temps et en heure, sachant que je dénicherai toujours de quelque manière que ce soit le moindre créneau temporel pour laisser reposer mes molécules parfois furieusement agitées.

Aussi je vous le demande : Pourquoi les journées de travail et de repos ne feraient-elles point également partie de nos libertés individuelles ?

"Eh bien on en reparle dimanche prochain", me répondit Michel Drucker.

mardi 29 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part two)

J'abhorre radicalement le dimanche, donc.

Hormis cette terrifiante image de lendemain de cataclysme nucléaire qu'il dégage, où seules quelques créatures mutantes aux membres supérieurs prolongés de poussettes envahissent sournoisement nos espaces verts, il y subsiste - ou plutôt émerge - un son bien particulier, visant probablement à indiquer à qui peut l'entendre la position géographique de quelque survivant désespérément égaré :
le coup de marteau.

J'aurais sans doute dû me méfier lors de la récente acquisition de cet appartement, en constatant la menaçante proximité d'une enseigne de bricolage bien connue (et majoritairement ouverte le dimanche), dont le nom n'est pas sans évoquer un célèbre animal à queue plate qui, à l'opposé de celui qu'il convient de nommer affectueusement l'excité de la mailloche, est pourtant sensiblement en voie de disparition.

Posons-nous donc les questions suivantes : quelle est d'une part l'utilité d'un tel instrument en environnement urbain à part celle de "taper sur les nerfs" de la communauté (vous constaterez d'ailleurs l'absence absolue d'expressions telles que "peindre les nerfs" ou "tapisser les nerfs"), et d'autre part pourquoi celui-ci n'a-t-il d'existence possible qu'à l'arrivée de ce mortellement ennuyeux jour de la semaine où la grande majorité d'entre nous est prise en otage dans son logis ?
Alors qu'il pourrait simplement taper sur son épouse agaçante, comme tout le monde (ce qui émet un son nettement plus sourd et donc supportable), l'Homo Martelus plante frénétiquement, dès l'aube du septième jour, de militaires rangées de pointes dans son habitat, même si celui-ci est déjà pourvu de tous les aménagements nécessaires à lui faire oublier sa morne existence.
Rendons-nous à l'évidence, il ne s'agit aucunement d'un comportement strictement égoïste visant à perturber la quiétude de ses congénères. Que nenni. L'Homo Martelus, par cet acte barbare, immortel héritage des âges sombres, nous fait part, lui aussi, de sa crainte profonde du dimanche, et par conséquent, de son inéluctable peur de la mort.

Comment condamner un tel acte, maladroit, certes, mais si empreint de douleur et de tristesse ?

En achetant une perceuse à percussion.

lundi 28 janvier 2008

Sunday, bloody sunday (part one)

Ce matin, lors de l'ouverture de l'unique fenêtre de mon appartement, révélant un inquiétant paysage brumeux qui m'aurait presque fait culpabiliser d'avoir autant fumé la veille sur le balcon si j'avais soudainement décidé de pratiquer l'humour au premier degré, je n'ai pu m'empêcher d'afficher un large sourire.
L'air était pourtant vif et piquant, mais il y flottait indéniablement une délicieuse ambiance sonore, un grisant mélange de bruits étouffés provenant simultanément de la proche artère routière, des tout aussi proches aéroport et voie de chemin de fer, ainsi que de l'immortel chantier dont l'imposante grue orangée brasse inlassablement d'innombrables blocs de béton, comme pour fièrement rendre hommage à la société Lego qui fête actuellement son cinquantième anniversaire.
Je me rendais à l'évidence : le cauchemar avait pris fin ; le providentiel Lundi nous berçait à nouveau de ses abondantes démonstrations rassurantes qui n'ont d'autre but que celui de nous rappeler raisonnablement que l'espèce humaine n'a pas encore disparu de la surface de la Terre.

Du plus profond de mon être, je déteste le dimanche.

samedi 26 janvier 2008

fumerbouger.fr

En plein coeur de cet omniprésent et houleux débat qui nous agite tous (ou presque) depuis quelques semaines, autour du grave sujet "tabac, libertés individuelles & santé formatée" (comme ici, par exemple), j'ai, à l'instar de beaucoup d'entre vous, établi mon propre bilan de fumeur (de "gros fumeur", même, si j'en crois les propos diffamatoires du propriétaire de l'un de mes anciens logements, que j'ai finalement assigné en justice ; sachez que tout sens de l'humour a ses limites...).

J'en suis arrivé à l'illuminée mais ô combien pragmatique constatation suivante :

Grâce à cet incommensurable besoin d'acquérir régulièrement ces dangereuses doses "nicotinées", je parcours quotidiennement quelques kilomètres à pieds, bravant le moindre crachin breton, qui, après tout, ne perturbe aucunement ma masse capillaire déjà fatalement désordonnée. (Oui, ma chevelure frise furieusement sous l'effet de la pluie, soit, mais cela n'a rien à voir avec le sujet.)

J'ai parfaitement conscience aujourd'hui que JAMAIS je n'aurais déplacé ma masse corporelle avec une telle fréquence et autant de passion véhémente si j'avais été porteur sain du "gène bien-pensant de la mort propre", dans la simple mesure où marcher sans le moindre but me procure autant d'excitation que l'achat de rouleaux de papier hygiénique, que je me dois d'ailleurs de régulièrement dissimuler dans le panier d'une ou d'un complice, n'ayant aucune envie de révéler brusquement à mon hôtesse de caisse favorite qu'à moi aussi il m'arrive d'aller aux toilettes.

Force est de constater, donc, que le tabagisme actif peut ainsi favoriser de saines activités sportives.

Préambule


Voilà qui est fait.

Sous d'insistantes pressions exercées par trois - voire quatre - personnes de mon entourage (y compris celles de mon propre égo), je me suis finalement décidé à franchir cette terrifiante mais ô combien glorifiante épreuve de l'écriture du "journal intime universel et libre de droits".


Je vais enfin pouvoir légalement révéler au Monde ma mégalomanie latente, au travers d'articles dont l'intérêt sera - je l'admets - presque inexistant, mais dont je m'appliquerai tout de même à combler les éventuels vides culturels par d'agréables tournures et pirouettes linguistiques qui contribueront à vous faire oublier - je l'espère vivement - les mornes composantes routinières de notre existence toujours davantage aseptisée.

Cette décision n'est toutefois pas un hasard.
Je rends ainsi hommage à un certain professeur d'histoire-géographie (dont j'ai malheureusement aujourd'hui oublié le nom, le visage, et même le sexe, d'ailleurs) qui m'avait un jour gratifié, me remettant en mains propres l'une de mes prolifiques dissertations, du commentaire suivant :
"Jeune homme, il est évident que vous ne saviez strictement rien quant au sujet du présent devoir, mais vous l'avez si bien exprimé..."

La brusque vision de l'intransigeante notation dudit devoir, écrite maladroitement en lettres rougeoyantes qui m'évoquent indéniablement à ce jour le tristement célèbre slogan "Omar ma tuer", fut toutefois rapidement balayée par cette providentielle révélation qui allait radicalement modifier le sens de ma vie :
Quoi qu'on sache, il faut toujours dire ce qu'on en pense.

Bref, j'ai ouvert mon blog.