jeudi 5 mai 2011

Prends-moi pour une Kirsche

Chers collectionneurs de phylactères, sachez qu'à l'époque où ma puberté était encore épargnée par les funestes assauts de bulleuses courtisanes névrosées, je passais de longues heures solitaires innocemment bercé par l'univers de la bande-dessinée wallonne.
Curieusement, au travers de ces excitantes immersions oniriques, je ne percevais que de manière plutôt confuse les affectations professionnelles de la plupart des protagonistes illustrés.
En effet, les métiers de Philip Mortimer ou de Fantasio ne piquaient que rarement ma curiosité, même si je confesse en ce jour que ma carrière a probablement été influencée par quelque réminiscence subconsciente, mêlant de manière improbable les qualifications de Gaston Lagaffe et celles de Joe Dalton.
Malgré tout, quelques décennies plus tard, je me rappelle encore nettement ce curieux et récurrent personnage engendré par Hergé : Séraphin Lampion.
Je dois dire qu'en ces temps reculés, ma virginité administrative ne me permettait pas d'assimiler cette épineuse notion d'assurance, qui semblait aussi dangereusement incontournable que purement commerciale. Pour être honnête, après toutes ces années, je n'ai pas encore complètement intégré ce concept, bien qu'ayant investi une grande partie de mes économies chez les militants picaros de la mutualité niortaise, placements qui ont finalement davantage servi leur révolution publicitaire que mes propres intérêts.
Quoi qu'il en soit, notre ami Séraphin Lampion était certes un agaçant personnage, mais avait au moins la bonhomie d'être constant au fil des ans, tant dans son attitude que dans le port de sa moustache.

Un demi-siècle après sa création, cette pittoresque allégorie du monde de l'assurance a été remplacée par l'inélégante représentation d'une aussi légère que court vêtue Perrette télévisuelle, affublée d'une ridicule robe à pois bon marché, dont l'effet stroboscopique n'a pour autre but que celui de nous faire oublier ses innombrables modifications plastiques, la dernière en date ayant été constatée il y a seulement quelques jours.

Rendons-nous aujourd'hui à l'évidence : toutes ces interventions chirurgicales sont assurément financées par nos propres cotisations.

Et de cerise à crise, il n'y a qu'une queue, après tout.

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