mercredi 25 juin 2008

Paire indigne

Bien que n'étant pas particulièrement adepte des plats réchauffés, je ne peux m'empêcher aujourd'hui de vous faire part d'un agacement récurrent dû à un message télévisé qui m'écorche prodigieusement les tympans depuis quelques mois déjà. Il s'agit de la campagne publicitaire d'un lunetier fort populaire, dont les initiales le prédestinaient à figurer au sein du meilleur classement du siècle organisé par les Pages Jaunes : un certain A.A.
Je vous prie même de croire que les mugissements braillards de l'idole des sourds œuvrant pour la concurrence ne m'exaspèrent pas à ce point.
Apparemment, outre un mauvais goût certain en matière de communication, le business de l'optique voit d'un très mauvais œil le respect des règles basiques de la langue française, et s'obstine dorénavant à nous vendre ses lunettes à l'unité.
Vous le savez tout aussi bien que moi : la lunette en question a toujours été proposée par paire à la grande majorité de l'espèce humaine non génétiquement modifiée, au même titre que celle des toilettes réservées aux frères ou sœurs siamois.
Après enquête approfondie, la conclusion est sans appel : en dehors de certains cancers, rien à ce jour ne nous permet de dissocier ce qui a invariablement existé en duo depuis la nuit des temps. Ainsi soit-il.

Le cerveau des publicitaires ne fonctionnerait-il donc plus qu'à moitié, lui aussi ?
Ces dangereux individus ont-ils déjà au moins essayé de découper un bon de réduction en suivant les pointillés avec un seul ciseau ?
Se sont-ils déjà aventurés à observer leur voisin(e) d'en face à l'aide d'une unique jumelle sans risquer la moindre migraine ophtalmique ?
Et si tel est le cas, leur est-il arrivé de concentrer leurs fantasmes sur une simple fesse isolée ?

Franchement, il y a une claque qui se perd...

Pour le dessert :
Quelques recherches liées à cette absurdité syntaxique m'ont permis de dénicher cet excellent site que je vous recommande vivement :

21 commentaires:

  1. Mince alors. Moi qui comptais m’acheter un monocle... que va-t-on me proposer ?

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  2. On va tout simplement vous proposer de dégager votre mèche rebelle sur le front ; ainsi vous ne serez plus cyclope.

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  3. Où est-il possible d'acheter un monocle? - je le voudrai beaucoup.

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  4. Les publicitaires font pourtant corriger en principe leurs trouvailles linguistiques (hinhinhin), mais bien souvent, si une correction ne leur plaît pas (ce n'est pas "joli" sur l'affiche, comme tel trait d'union pourtant nécessaire, ou cela leur paraît être un jeu de mots subtil... que nous serions des butors de trouver sans intérêt), ils l'ignorent superbement. Mais on ne va pas se refaire 99,99 F à la Beigbeder, s'pas!

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  5. Paul, rendez-vous simplement dans un magasin Afflelou en compagnie de CM. Abordez la vendeuse et dites-lui énergiquement "Tchin tchin".
    Elle devrait alors normalement servir un verre à chacun.

    Fleur, avant de corriger un publicitaire, il faut avant tout le dompter. Essayez dans un premier temps les combinaisons en cuir avant de vous défouler rageusement avec vos petites menottes.

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  6. Je pense me munir d'un fouet qu'un petit malicieux adepte de jeux sado-maso avait dû laisser dans mon placard un jour de grande affluence amicale, jour de congratulation de promotion étudiantine... à défaut de la combinaison en cuir, cela fera-t-il l'affaire?
    J'imagine faire danser les pontes d'euro rscg (certains portent du cuir, du cuir rouge, avais-je vu sur une photo d'autopromo, il me semble), mes amis correcteurs là-bas apprécieront, j'en suis sûre...

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  7. estudiantine (ah, les vapeurs, les vapeurs!)

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  8. Merci Jarod: quand je suis (traduction littèrale)dans l'argent, je prenderai votre avis! Ou peut-être, moi et CM - nous porterons une scie!

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  9. Fleur, je me demandais : est-ce qu'à l'instar des bourreaux qui exécutaient les bourreaux, il existe encore des correcteurs qui relisent les correcteurs ?
    ...voire qui les exécutent en cas de récidive ?

    You're welcome, Paul. Je dois vous avouer que j'ai toujours apprécié cette particularité de la grammaire anglaise.
    Elle est si optimiste qu'elle me donne irrésistiblement l'envie de sortir ma carte bancaire dès que je l'entends, et la formule "when I am broke" est effective dès le lendemain.

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  10. Jardod: concernant l'argent, pour moi l'expression latine "Per aeternum in excretam" me semble être le vrai mot!

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  11. héhé, vous êtes des petits marrants tous les deux (jarod et paul), à vos heures...

    Des correctrices pour les correctrices: c'est un peu comme le médecin pour le médecin ou le cordonnier pour le cordonnier (ça s'oublie, ça, de dire "les cordonniers sont les plus mal chaussés"?)... En tout cas, tellement assez de devoir jouer les garde-chiourme de la langue toute la journée (avec attention perpétuelle et devoir de persuasion quand on tombe sur des journalistes qui croient tout savoir ou même des profs d'université à qui il arrive d'avoir tort, eh oui), que le relâchement arrive vite dès le boulot terminé (et pourtant dès que j'ai su lire, ça me faisait mal de voir ou d'entendre des fautes de français, c'était physique, mais j'ai dû me tanner la peau depuis, pour m'endurcir, sinon je serais morte écorchée vive en douze ans d'enseignement et six ans de correction!)...

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  12. Je me demande d'ailleurs si je n'ai pas fait l'objet déjà d'une tentative de meurtre par une correctrice non parce qu'elle pensait que je faisais des fautes mais parce qu'elle imaginait que tous ceux qui passaient après elle dans un emploi d'où son comportement l'avait fait éjecter étaient des voleurs de boulot (alors que je venais remplacer qqn qui remplaçait qqn qui remplaçait qqn qui l'avait remplacée...), je crois qu'il faut avoir l'esprit sain et solide pour supporter les aléas du privé... (mon esprit à moi est au bord de la déroute sur ce plan, d'ailleurs, il me semble!)

    C'était une confidence pour les intimes, bien sûr...

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  13. @Fleur: "cordonnier our le cordonnier".

    C'est comme le mecanicien pour le mecanicien? En Angleterre tout le monde connaissent (?) bien que les mecaniciens toujours ont les voitures les plus pires!

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  14. Per aeternum in excretam ?
    Paul, ne soyez pas si pessimistement latiniste. Il existe une autre formidable expression anglaise, que j'ai moi-même prise au pied de la lettre : to make money.
    That's the reason why I am a computer graphics designer today and most of my friends work in printing offices.

    Fleur, vous ai-je déjà parlé du jour où j'ai perdu mon hamster Bobby ?
    Il s'agit également d'une aventure palpitante ; vous pouvez me croire.

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  15. "To make money"...

    Desolé: il faut que j'ecris en anglais. (Does this make sense? I mean it is necessary for me to write the following in English).

    Whilst naturally familiar with the expression, I regret to have to admit that even the most basic understanding of the fundamentals of the concept has eluded me throughout my life!

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  16. Entre amis des hamsters et amis des chats (le mien s'appelait stewball... non, whisky!), y en a des tas de trucs palpitants à se raconter (mais attendre les longues soirées d'hiver pour ça et profiter des autres saisons pour alimenter ses récits de l'autre saison)...

    @paul, oui, j'imagine, ça doit être comme le mécanicien pour le mécanicien, comment est votre expression en anglais? En tout cas ici, c'est bien "ce sont les cordonniers les plus mal chaussés", il me semble, s'pas, jarod?

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  17. @Isabelle/Fleur:

    Je ne sais pas d'une expression en anglais comme ça!

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  18. A l’occasion, je vous raconterai l’enterrement extrêmement douloureux de mes escargots (certes, je n’avais que 5 ans, mais cela laisse des traces).

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  19. Quoi, un enterrement, cm? vous n'avez pas vous-même contribué à la mort atroce des escargots pour les frire et les dévorer après quelques jours de diète (pour eux) et d'attente gourmande (pour nous)?
    ah mais vraiment, vous êtes trop sensible?

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  20. Auriez-vous donc perdu la tête, Fräulein CM ?
    Evoquer ainsi des histoires de coquilles à une correctrice, c'est l'exciter à coup sûr, malheureuse...

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  21. En verve non gérontologue, mister J.
    Nulle crainte quant aux coquilles: suis-je vraiment correctrice dans l'âme? bouh, être jour et nuit garde-chiourme des conventions linguistiques, c'est déjà aliénant, alors devoir assumer cet état à toute heure, non, non merci! Faites des coquilles à votre plaisir: est-ce que j'en garde, moi? hum?
    RIP for your tomatoes and flowers, so sorry for them!
    Si même les éléments sont contre vos bonnes résolutions, où va-t-on?

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