jeudi 21 avril 2011

Porc de plaisance

Croyez-le ou non, chers amis athéistes ou généreusement polythéistes, il m'arrive fréquemment d'exercer ma curiosité sur ces fondements absurdes du monothéisme qui nous excommunient au plus haut point. Penchons-nous par exemple sur le cas de la religion musulmane - dont nous n'entendons hélas que trop peu parler dans nos journaux télévisés halal - et son aversion légendaire pour la gent porcine.

Selon M. Ahmed Mahfoud, professeur de religion islamique, "la consommation du porc a été écartée pour des raisons scientifiques et d'hygiène".
Quelle mauvaise foi, tout de même.
Toute notion scientifique me semblant rigoureusement inconciliable avec la moindre religion, attardons-nous plutôt sur ces fantaisistes considérations sanitaires.
Prenons donc un mouton quelconque - dont le gosier est religieusement compatible avec la coutellerie Laguiole - et plaçons-le échine à échine avec un aimable cochon.
Visuellement, de prime abord, toute tentative de comparaison reviendrait à rechercher en vain le moindre point commun entre Monsieur Propre et Michel Berger soumis à quelques jours de camping à la Tranche-sur-Mer. En effet, comment - hors contexte lié aux années soixante-dix - peut-on raisonnablement vouer sa confiance et son carnet de santé à cette créature ovine à la tignasse frisée, revêche et bien souvent teigneuse ?
Notre sympathique suidé, de son côté, saura affirmer une indiscutable prestance et arborer fièrement son bel épiderme, dont il prend régulièrement soin au spa de la ferme de Martine, avant de se livrer à de folles glissades, une nuit entière durant, dans les draps satinés de George Clooney.
Cela dénote irrémédiablement raffinement, bonne santé, et propreté, si je ne m'abuse.
Le mouton, quant à lui, n'aura d'autre choix que d'être repeint à la bombe par la famille Benetton, le recours à cet odieux subterfuge représentant l'unique remède pour éveiller la moindre complaisance chez l'être humain frileux.
Souvenez-vous également : bien que feignant un agacement passager, Antoine de Saint-Exupéry lui-même enferma l'infâme ovidé dans une grossière boîte trouée pour des raisons purement hygiéniques, le Petit Prince n'étant pas à jour avec ses vaccins.
D'ailleurs, à ce sujet, le mouton a rarement inspiré la littérature imagée, et je défie quiconque de me dénicher dans la prochaine minute une œuvre incontournable intitulée, au choix, le Vilain Petit Mouton, le Mouton de M. Seguin, ou encore le Mouton Botté.
A contrario, si l'on s'attarde un tant soit peu sur la formidable épopée des 3 Petits Cochons, on décèle rapidement cette représentation succincte mais ô combien métaphorique de la diversité française : le flemmard assisté, le néo-bobo, et l'actionnaire du groupe Bouygues.
Aussi, la horde des détracteurs de notre précieux verrat rosé ne peut être vulgairement constituée que de moutons de Panurge.
Cochon qui s'en dédit.

5 commentaires:

  1. Trop fatiguée pour laisser un commentaire intelligent ce soir...

    En tout cas, très heureuse de voir que vous avez ressuscité ! Ceci dit, Pâques oblige...

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  2. Également ravi de vous revoir en ces lieux, Marie de Magdala.
    Cette longue période de pénitence étant à présent achevée, j'irai évidemment faire quelques apparitions dans votre agréable grotte joliment redécorée.

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  3. yummy en tout cas.

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  4. Comte De Valmort4 mai 2011 à 11:56

    Conquis par cet exposé, je viens de brûler au bûcher des variétés l'intégrale de Julien Clerc... Et me dirige de ce pas vers Porniquet, où j'apprends avec stupeur la construction d'un lieu cultu(r)el favorisant l'émergence d'une civilisation nouvelle, et qui s'apparente en toute évidence à une provocation nominale du plus odieux effet !!...

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  5. Vous me voyez très honoré, monsieur le Comte, d'accueillir un représentant de l'aristocratie dans mon modeste bistrot, et bien évidemment fort peiné d'apprendre une si sombre nouvelle.
    Hélas, mon cher, on m'a susurré qu'il en serait de même pour la sympathique bourgade de Saint-Jean Pied de Port, probablement en raison de cette sale manie qu'ont les Basques de porter des gilets en peau de mouton.
    Quant à monsieur Clerc, vous avez probablement bien fait de l'envoyer paître, et vous pouvez surtout vous estimer heureux de ne pas avoir contracté d'aphtes fiévreux à son contact.

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