samedi 29 mars 2008

Comic de situation

Afin de justifier de manière habile la soudaine rareté de mes visites en ces dépaysantes et agréables contrées virtuelles, j'ai décidé de vous faire part de mon propre accaparant et fougueux engagement dans une noble cause d'ordre international, au risque de me faire huer par certains lecteurs qui, de leur côté, vouent plus de la moitié de leur corps et les trois-quarts de leur âme dans de plus grandioses combats spirituels, qui leur feraient presque oublier l'inquiétante inflation des coûts pratiqués par les magasins Franprix.
En effet, ne bénéficiant que d'un bagage culturel relativement modeste, j'éviterai de m'aventurer sur les pentes glissantes de l'Himalaya, n'ayant en mémoire à ce sujet que les truculentes aventures de Tim und Struppi, quand ces derniers recherchaient obstinément dans le fin fond du Tibet leur ami Tchang à la chevelure sauvage et incertaine, ce dernier s'adonnant alors innocemment à quelque fraîche activité semi-zoophile en compagnie d'un Yéti fort sympathique, bien que très peu épilé lui aussi, années soixante obligent.
Les bons gongs faisant les Bonzes amis, comme le proclamait si bien Marcel Gotlib, je vous apporterai en ce jour un tout autre son de cloche.

Je l'avoue donc éhontément : mon combat est bien moindre.
En qualité de créatif, j'abhorre simplement mais radicalement la police typographique dénommée Comic Sans.

Ne souriez pas, je vous prie ; le sujet est relativement grave, et nous sommes déjà fort nombreux à nous rallier à cet important combat à l'indéniable et judicieux caractère culturel.
Vous trouverez d'ailleurs quelques informations concernant notre estimable mouvement ici.

Personnellement, des années durant, j'ai dû fustiger des hordes de clients stupidement bornés et illégitimement persuadés que le sacro-saint - néanmoins vulgaire - Comic Sans représentait la solution incontournable à tous leurs maux publicitaires et communicatifs. Bien que n'ayant perdu la moindre plume calligraphique lors de ce combat à l'issue incertaine, j'admets que la simple vue de cette écriture de bande-dessinée me procure encore à ce jour les mêmes convulsions inspirées par les inévitables smileys susceptibles de nous rassurer lors de nos quiproquos virtuels.

Cela dit, ma dernière lettre de licenciement était rédigée avec cette même police de caractères, et je confesse cette fois avoir réagi avec un large sourire.
Sur fond jaune, évidemment.

10 commentaires:

  1. Je suis moins allergique que vous au Comic sans ; en revanche je milite pour sauver le soldat "point-virgule".
    Pour plus d’infos quant à son avenir inquiétant : Bibliobs et Rue89.

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  2. Thanks for drawing my attention to this campaign. I have duly signed the petition, having always hated this horrible font!

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  3. @ Fräulein Coco
    Le point-virgule étant aux longues phrases ce que l'apéritif dînatoire est aux longues soirées, je vous accompagne incontestablement dans cette noble cause.
    Reste à militer pour la sauvegarde du circonflexe et du tréma. A bas la cacographie ; vive la Cocographie !

    @ Sir Paul
    Thanks a lot for your support!

    Voici d'ailleurs un flamboyant exemple de mauvais goût, qui renforce à merveille l'actuelle crédibilité de l'Education Nationale :
    SNES LILLE
    Cela devrait sans nul doute ravir les mirettes avides de notre camarade Fleur, n'est-ce pas...

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  4. Ah ben voilà, j'ai le dos tourné, il fallait que ça me tombe sur nez! Vous savez ce qu'elles vous disent, mes mirettes? hum, bon, disons que je ne suis pas choquée du tout par la page snes, en fait, je dois avoir encore des neurones ou des automatismes de prof, c'est tout! d'ailleurs, ça me fait penser aussi qu'on a dû apprendre à lire dans des manuels avec une écriture qui ressemblait à la comic sans, du coup, tout le plaisir revient en bloc et en comic sans (tout s'explique!)... j'aime aussi beaucoup le point-virgule, surtout avec ma manie de faire des phrases longues, je peux tricher (mon souffle me dit merci)... j'essaie en revanche et pour l'instant sans bcp de succès de me passer de ma manie des parenthèses (surtout celles que j'oublie de fermer), mais c'est très dur, incroyable!
    Gare à vous si vous profitez lâchement du jour national des bêtises pour nous faire un poisson d'avril! je ferai attention à mon dos cette fois (enfin j'essaierai)!

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  5. Ne cherchez surtout pas à nous berner, Pâquerette : nous savons tous pertinemment que vous n'avez jamais le dos tourné.
    Vous êtes même d'ailleurs le Tournesol des hôtes de ces blogs.

    Nous prendrons toutefois garde à ne point trop glisser sur votre production oléifère...

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  6. Bien que ce soit le jour des blagues, je ne vais pas plaisanter (ça change, partout des bloggeurs blagueurs nous font croire qu'ils vont arrêter leur blog, et toutes les nouvelles sont à prendre avec les pincettes): je vais prendre comme un compliment le fait que je serais une huile (ouh, la star!), et j'avoue qu'à la lecture de ces beaux compliments (qui n'en sont peut-être pas- jamais le dos tourné, ça fait un peu hyperactif, n'est-ce pas), je suis devenue pivoine!
    Avouez que c'est le comble, pour un héliotrope, de devenir pivoine - voire coquelicot!
    Dès demain, je retrouve le dos (tourné vers le nord, la face sud a besoin d'être réchauffée), et mon générique de nom.
    Au prochain 1er avril on ira peut-être tous déguster un beurre-blanc nantais ou un tieboudienne ouest-africain, qui sait?

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  7. Je me permets de vous suggérer un verre de Roundup pour accompagner vos envies piscivores.
    Rassurez-vous, après absorption d'un tel breuvage, on ne verra plus que votre bon côté.

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  8. Et vous voudriez que je ne me vexe (vexasse) pas? Charmant cocktail, les grands moyens (en bombe déversée du ciel aussi, le roundup?), avec mon pire ennemi et celui de mes amies (les abeilles)? Monsanto!!! Quoi!
    Que votre désherbant (enfin défleurisant) vous reste dans la gorge, je lisse mes pétales, abandonne les quelques feuilles sacrifiées (ouille) et me glisse de ces racines dans un coin protégé par les vers/verts.
    Et j'y emmène mon bouquin pour aller méditer sur vous et vos pareils (d'ailleurs, et sans rire, celui que je lis en ce moment c'est... héhé, la Fabrique du Crétin, de Brighelli! ça tombe bien, tiens!)...

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  9. Pour résumer, en conjuguant vos écolos et récipients floraux protecteurs, on est en route pour une bonne partie de pêche.
    Quoi de mieux qu'un ver de vase, en effet...

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  10. Ouf, le 1er avril aux sables mouvants s'est éloigné, nous sommes revenus bredouilles et les vers sont sauvés, ils pourront continuer à être amoureux des étoiles! C'est quand même plus charmant que de ferrer le poisson an détriment de la mort du ver! Vive le (p'tit) ver libre!

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