mercredi 6 février 2008

Happy hours

Une fois n'étant pas coutume (et le niveau de ma réserve de cigarettes étant dangereusement inquiétant), j'ai décidé hier soir de me coucher tôt. Aussi, afin de tromper la sournoise vigilance de mon organisme, j'ai soigneusement allongé mon corps perpendiculairement à l'écran de mon téléviseur allumé, dans l'espoir d'annihiler toute envie créative.
C'est alors qu'au bout d'une vingtaine de frénétiques pressions sur ma fidèle télécommande, dans le prime espoir de dénicher un quelconque programme plus anesthésique qu'un autre, j'ai soudainement imposé une raideur absolue à mon index, afin de suivre pendant quelques minutes le déroulement de l'émission "Ce soir (ou jamais !)" présentée par Frédéric Taddeï, qui, de son côté, aurait plutôt des vertus psychotoniques sur tout organisme normalement constitué.
Figurait parmi d'illustres invités le journaliste (engagé, s'il vous plaît) François d'O., qui a fièrement prouvé cette nuit-là à l'assemblée philosophiquement rebelle qu'il possédait lui-même un férocement mordant sens de l'humour.
En effet, afin de rebondir sur les propos de l'un de ses prolixes voisins, qui venait de ponctuer sa plaidoirie par un discret et résigné "De toute façon, depuis qu'on ne peut plus fumer dans les bars...", notre cher François, tout sourire, déroula avec grâce un prodigieux "Cela a tout de même permis de réinstaurer le principe de convivialité des terrasses."

Croyez-moi, à une époque où nous souffrons cruellement de l'absence d'humoristes français (engagés ou dégagés, comme le clamait si joliment un certain Pierre D.), il convient de dignement souligner ces trop rares traits d'humour.

Grâce à Dieu (ou tout autre produit générique), François n'est cependant pas l'unique individu à apporter sa pierre à l'édifice de notre société nouvelle au capital sans cesse croissant.
Il y a quelques jours, un certain Philippe L., journaliste (engagé, merci) spécialisé dans le tartinage allégé du Parisien, nous avait déjà honorés de sa rosâtre et idéaliste vision du nouveau monde (qui n'a rien à voir avec la nouvelle mouture du quotidien du même nom).
Je vous laisse d'ailleurs découvrir son joli poème de fête des mères ici.

Je vous en prie, amis fumeurs rongés par la déception et terrassés par des craintes sans doute justifiées, ne devenez pas médisants : abus d'anxiolytiques et démagogie n'ont strictement rien à voir avec le contenu de tous ces propos hallucinogènes.

Rendons-nous à l'évidence : l'humour nouveau, audacieusement situé au premier degré et demi, est arrivé.

Pour notre santé intellectuelle, sachons toutefois le consommer avec modération.

10 commentaires:

  1. Je constate finalement qu'il a
    de l'ambiance en terrasse,
    en tout cas, et ça chauffera, certes, aux beaux jours, quand
    la place sera disputée âprement entre les deux camps, on n'a vraiment pas fini de rigoler
    (des scènes à la "ma clope", peut-être ?) Attention,
    les non-fumeurs acerbes auront devant eux un homme nouveau,
    un mutant : Le fumeur va devenir moins frileux, à supporter
    l'hiver assis dehors, gare à ceux qui sont restés ce qu'ils sont !
    Verra-t-on au soleil des terrasses Superfumeur défendre braise
    et fumée son îlôt de bonheur
    contre bec et ongles
    du radical non-fumeur ?
    De la castagne en perspective ! chouette !
    "Ici même les mémés aiment
    la castagne", c'est pas Nougaro
    qui dira le contraire
    du haut de son nuage (de fumée).

    Les arguments du Parisien m'échappent cependant :
    ah bon, il faut se réjouir
    de voir des enfants
    dans les bars et des couffins
    sur le comptoir ? Ils sont déjà
    à l'apéro du matin ces minots ?
    Et les jeux baissent de 15%
    au moins ? On ne dit pas
    tant mieux ? Je croyais
    que c'était mauvais le jeu,
    tout cet argent qui tombe
    toujours dans la poche
    de l'Etat ? J'avais oublié
    que les patrons de bar
    partageaient avec les taxis
    le privilège de meilleurs
    râleurs du territoire !
    Un titre qu'ils ne sont pas
    prêts à perdre (et pas près
    de perdre)...

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  2. Flûte ! Des y et des ^ qui se baladent et s'évadent encore!
    Mon alibi : je n'ai pas mon compte
    de sommeil; c'est décidé, à partir d'aujourd'hui, j'essaie d'avoir 7heures par nuit pour "rattraper"
    mes neurones enfuis : pas
    de commentaires désobligeants,
    svp, sur l'étourderie,
    je me sens suffisamment
    coupable comme ça !

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  3. Disponible chez tous les bons libraires :
    "Fleur et les circonflexes, ou la nouvelle ambassadrice du sortez couverts"...

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  4. Pan sur le museau...
    A propos de sortir couvert(s), vous avez pu franchir le seuil de votre porte sans parapluie grâce à mon approche circonflexe de la météo : j'ai menacé la pluie de chapeauter son taux de pluviométrie et de l'envoyer paître au seul mois de pluviôse ! C'est comme ça que vous me remerciez ?!!!
    Et votre sortie sous couvert d'enquête dans les bars, alors ?
    Les non-fumeurs vous ont circon...venu ? Vous allez nous apprendre que tout va bien dans le meilleur des bars possibles ?
    Ne vous flexez pas, je vous confesse que si vous ne nous racontez pas sur l'heure votre équipée, une bonne (circon)fessée vous attend ! (euh, je rigole, ne me déclarez pas la guerre, y en a assez comme ça autour de nous)

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  5. Ben, moi, j’ai tenté une expérience ce soir : je suis allée dans mon bar du coin préféré qui répond au doux nom de "Carpe Diem" - je devrais plutôt dire : je suis allée DEVANT mon bar préféré.

    Moralité : mes copains de comptoir (tous fumeurs) n’étaient pas là. D’ailleurs, mis à part un jeune (visiblement non-fumeur et buveur de Vittel-menthe) branché à sa Wifi, le bar était vide. J’ai lu une feuille de choux en buvant mon premier demi pendant que le patron du bar faisait sa vaisselle et vaquait à ses autres occupations de patron de bar.

    Quelques personnes sont passées en courant d’air, vidant un demi plus vite que leur ombre.

    Ne voulant pas partir après juste une bière, j’en ai pris une deuxième. Une cigarette m’appelant avec insistance, je suis sortie. Le patron du bar m’a rejoint avec sa cigarette et m’a raconté sa soirée de la veille :

    il a eu pour seuls clients le père, la mère et leur gnome de 5 ans (lequel a mangé un steak haché et bu de l’eau). Je ne sais pas si avec ça il peut payer ses frais d’électricité et de chauffage de la soirée…

    Bonjour la nouvelle convivialité ! Vive les non-fumeurs qui vont investir les restaurants/bars/brasseries !

    Je viens d’ouvrir ma troisième bière à la maison – au chaud avec une cigarette au bec tout en tapant ce commentaire.

    P.S. Le bar en question est en fait une brasserie.

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  6. Oui CM, c'est tragique. Jusqu'a Noël le Carpe Diem fait bon "business". Les proprietres sont bons gens.

    Désole pour leur, moi.

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  7. C'est pourtant dans le centre névralgique de la capitale...
    Dur dur...
    La cigarette pour les uns
    le pouvoir d'achat pour les autres
    ça chasse tout le monde
    des centres conviviaux
    de la capitale (et d'ailleurs)

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  8. CM, vous savez quoi ? J'éprouve d'énormes difficultés à publier cet article sur mon propre lieu de prédilection.
    Les termes y sont toujours trop crus et emprunts de colère, à ce jour.

    Pas suffisamment de recul, sans doute, en dehors de celui qui nous oblige à nous tenir sagement sur le trottoir...

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  9. Patience Jarod, il semblerait que notre cher président songe à un aménagement de la loi – baisse de popularité et municipales obligent.

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  10. Des amis (et amis d'amis) m'ont dit que dans des cafés de certains quartiers, ils n'ont pas été inquiétés pour fumer comme chez eux, mais ce sont des quartiers plus excentrés de Paris, à la limite des villes limitrophes : de l'espoir pour l'avenir des fumeurs au café ? ou de la chance, ces fois-là, qui n'augure pas de la suite ?

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